«Nous ne sommes pas tous égaux face aux outils numériques»

Les nouveaux outils numériques ont de nombreux avantages mais aussi plusieurs défauts…

Carole Bagnoud: Oui, ces outils augmentent notre efficacité et réduisent les tâches répétitives. Elles permettent aussi de se consacrer d’avantage aux dimensions humaines du travail. D’un autre côté, ces outils exigent un temps d’adaptation. La numérisation de notre environnement de travail a été extrêmement rapide. Et nous ne sommes pas tous égaux face à ces outils. Chacun doit pouvoir bénéficier d’un soutien spécifique, d’une formation ou de la prise en compte de ses résistances ou de ses peurs face à ces changements.

Accompagner cette numérisation implique aussi d’avoir le bon matériel…

Oui, cette dimension physique du bien-être numérique est importante. Cela commence par la place de travail, avec des bureaux ou des chaises ergonomiques et la conception d’espaces de travail flexibles, avec des zones en open space et des zones de silence pour un travail de concentration. Le matériel et les ressources nécessaires pour faire votre travail sont aussi très importants. La connexion internet doit être bonne et les écrans suffisamment grands et de qualité par exemple. Tous ces éléments permettent d’éviter l’épuisement professionnel.

Vous montrez aussi que l’exemplarité des managers est clé?

Absolument. Le rôle des personnes influentes de l’organisation ne doit pas être sous-estimé. A eux d’ouvrir la discussion sur ces pratiques avec leurs équipes. Ils ou elles doivent aussi montrer l’exemple en respectant les temps de repos et en se tenant aux canaux de communication convenus ensemble. Il s’agira ici d’ouvrir le débat et de chercher à comprendre d’où provient l’éventuel malaise lié à l’utilisation des outils numériques, notamment en ce qui concerne l’équilibre vie privée/professionnelle. Des petites sessions de prévention sur l’utilisation des smartphones ou sur l’impact du temps d’écrans sur la qualité du sommeil par exemple peuvent également être utiles.

Depuis la pandémie, le travail est devenu hybride. N’est-ce pas devenu plus difficile de concilier vie privée et professionnelle?

En effet, et c’est sur ce point-là que j’aimerais particulièrement insister. Les vécus sont très différents d’une personne à l’autre et il s’agit encore une fois d’ouvrir le débat. Après la quasi-généralisation du télétravail pendant la période du confinement, certaines entreprises ont exigé le retour au bureau pour assurer la cohésion des équipes. Ces changements d’habitudes n’ont pas été simples à gérer et ont parfois créé de la frustration. En définitive, c’est à chaque entreprise de trouver son équilibre. Cela va dépendre aussi des besoins individuels. Certains ne pourraient plus vivre sans télétravail, d’autres ont besoin d’un contact social régulier. Les femmes ont souvent besoin de plus de flexibilité aussi. Il s’agit d’être à l’écoute des besoins de chacun.

Great Place To Work mène des enquêtes pour évaluer la qualité de la culture d’entreprise. Que faites-vous avec les résultats?

Nous les analysons en primeur dans le but de faire ressortir les forces et les potentiels d’amélioration de chaque entreprise avec qui nous collaborons. Nous mettons en exergue les domaines où la perception de l’entreprises et celles des collaborateurs diffèrent. Par exemple, nous pourrions constater un gap entre les règlements d’entreprise ou les valeurs décrites et la manière dont ces règles de vie ou ces valeurs sont comprises et vécues par les collaborateurs. Le but de ces enquêtes est de comprendre les raisons derrières ces écarts et d’évaluer où sont les besoins des équipes. Une fois que vous comprenez bien la situation sur le terrain, vous pourrez mettre en place des directives ou des dispositifs qui font sens.