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Plusieurs jeux interactifs redonnent du charme à la formation continue

Une approche plus ludique de la formation continue est en train de refaire parler d’elle en Suisse romande. L’avantage du jeu est qu’il permet de lier créativité, sensibilité et émotion à l’apprentissage de processus parfois très ennuyeux et complexes. Les supports sont à la fois traditionnels et virtuels. Trois exemples qui devraient intéresser le départements RH. 

Développer les équipes, préparer les changements, apprendre une nouvelle procédure et stimuler l’esprit entrepreneurial des collaborateurs. Plusieurs nouveaux jeux virtuels ou réels proposent de se réapproprier ces vieux sujets de la gestion d’entreprise de manière plus ludique et conviviale.

La grande majorité de ces nouvelles formes de formation continue sont nées grâce aux possibilités d’interaction créées par Internet, les portails intranet et les logiciels de simulation. Appelés notamment serious games, ces jeux combinent des séquences vidéo, des scénettes animées et des questionnaires en ligne pour vérifier les connaissances des collaborateurs.

Le grand avantage de ces jeux virtuels est qu’ils permettent aux collaborateurs de simuler les processus de leur entreprise tout en ayant une vue d’ensemble sur toutes les interactions entre les différents services de l’organisation.

Les premiers serious games ont été développés aux Etats-Unis où le tout premier congrès mondial du secteur vient de se dérouler (Boston). La manifestation a duré une semaine. Plusieurs éditeurs de ces simulateurs d’entreprise étaient présents au dernier Salon RH de Genève. En mars 2010, en marge du salon RH de Paris, la société française QOVEO a présenté le premier serious game en trois dimensions, appelé Destination Plasturgie.

La plupart de ces logiciels présentent des simulations ludiques de la grande majorité de problématiques complexes propres aux entreprises. «Ces jeux se distinguent par leur approche ludique de la pédagogie. Ils permettent à une organisation d’exercer ses procédures virtuellement afin de réduire le temps d’apprentissage avant de le appliquer sur le terrain», note Daniel Wagner CEO de la société de conseil SIRH D. Wagner & Partners (www.sirhpartners.com), qui est le partenaire pour la Suisse de la marque de logiciel Onmap, un programme de simulation de processus.

Visionner des petits films et accéder aux documents de référence

Les premiers secteurs à s’être intéressés à ces méthodes sont le militaire et le monde médical. Deux domaines qui recourent depuis longtemps aux outils de simulation, puisqu’ils permettent de commettre des erreurs d’apprentissage sans conséquences pour le patient.

Aujourd’hui, ces simulateurs ont été développés pour tous les autres secteurs d’activité. Il existe aujourd’hui des centaines de serious games à travers le monde, avec des versions adaptées à tous les secteurs d’activités et à tous les corps de métier. Il existe bien sûr une version dédiée à la gestion des ressources humaines.

Le simulateur RH Onmap cartographie toutes les activités RH qui entourent le collaborateur (avantages/rémunération; entrées/sorties; absences/gestion du temps de travail; compétences/formation et mobilité/carrière). «Le département RH peut ainsi avoir une vue d’ensemble de tous les processus RH, avec toutes les interactions et les rôles de chacun.

Le programme joue aussi le rôle d’aide-mémoire. Le responsable RH pourra ainsi se remémorer les différentes étapes du processus d’accueil d’un collaborateur par exemple. Du côté du collaborateur et du manager, le simulateur permet de se renseigner sur la procédure à suivre en cas d’accident, de demande de formation ou pour préparer un entretien d’évaluation. Le logiciel leur permettra de visionner des petits films et leur donnera accès aux documents de références», explique Daniel Wagner.

La version de Onmap se distingue par la qualité de ses illustrations. Assis devant son écran, le joueur profite d’une vue d’ensemble et animée des départements de son entreprise. Il peut ensuite décider d’aller voir de plus près un processus qu’il aimerait exercer de manière ciblée. A chaque processus, un onglet propose des modules de formations en e-learning de différents niveaux.

Le modèle proposé par Conscio Technologies, une société française qui édite des serious games depuis 2007, s’adapte aux différents environnements éco-nomiques dans lesquels évolue l’organisation. «Le logiciel est surtout employé pour accompagner des changements. L’entreprise utilisatrice peut affiner le jeu an créant des accès différents selon la formation ou le niveau hiérarchique des joueurs. Le logiciel permet aussi de construire différents types de portails en fonction du projet qui doit être simulé. Vous avez ensuite toute une série d’applications (quiz, scénette et scénario sous forme graphique) pour construire votre jeu. Il suffit ensuite d’écrire le scénario que vous souhaitez faire vivre à vos collaborateurs», détaille  Michel Gérard, CEO de Conscio Technologies.

Mais quels sont les travers de ces outils de formation virtuels? «Le risque est de passer trop de temps derrière votre écran. Les collaborateurs doivent également veiller à ne pas transposer mot à mot ce qui est présenté dans le jeu. La réalité reste toujours plus complexe qu’un jeu. Un serious game ne vous apprendra jamais à gérer un comportement problématique ou un dysfonctionnement dans l’organisation», note Michel Gérard.

Un nouveau jeu d’entreprise, proche du Monopoly, arrive en Romandie

Pour les personnes qui ne souhaitent pas passer leur temps de formation derrière le petit écran, un nouveau jeu d’entreprise, un genre de Monopoly adapté aux enjeux de l’économie, est en train d’être lancé depuis le début de l’année en Suisse romande. Baptisé PRO4S MEMO (sic), il a été créé en 2009 par Walter et Priska Koller (www.pro4s.com).

Ce jeu de société sert aujourd’hui de support pédagogique lors de séminaires de formation en management. La planche du jeu représente les trois départements clés (voir l'image ci-dessus) d’une entreprise: l’innovation et le management de produit; la vente et l’offre et le traitement des commandes. Une troisième roue, qui active les trois autres représentent la vision.

Ce tableau donne un aperçu complet du fonctionnement d’une organisation. La consultante Susanne Zimmernann, partenaire romande de PRO4S explique: «Ce jeu permet de créer un langage commun dans l’organisation. Très souvent, la stratégie n’est pas comprise par les équipes. Comme chaque joueur passe par toutes les étapes industrielles, cela permet de changer de perspectives et de se mettre à la place des autres.

Le rôle du manager est de s’assurer que les roues tournent toutes au même moment. Pour cela, il doit avoir une vue d’ensemble. C’est précisément ce qu’apporte notre support.» Le jeu sert en général de point de départ à un séminaire de team-building ou de réflexion stratégique.

Tous les niveaux hiérarchiques peuvent y participer. Le but étant de stimuler la communication entre les équipes et les différents métiers. «Aujourd’hui, les collaborateurs communiquent surtout par mail et par téléphone. Dégager des moments pour la communication interpersonnelle est un réel enrichissement», argumente la consultante.

Et une fois pris par la fièvre du jeu, les personnalités de chacun se révèlent, poursuit-elle. «On décèle rapidement les profils de leader, les caractères plus endurants ou les personnes qui aiment prendre des risques. Le jeu a également permis de découvrir des compétences cachées, ou un intérêt pour un autre métier de l’organisation.»

Comme ils le feraient avec des cartes «Chance» d’un Monopoly, les joueurs doivent tirer des billets «défi». Il s’agit à chaque fois d’un cas pratique à régler. Les questions portent sur des problématiques de leadership, de communication, de collaboration ou de motivation. Cette partie est sans doute la plus intéressante du jeu puisqu’il faut tenter de trouver des solutions aux casse-tête les plus redoutés du management des équipes.

Un collaborateur présente des symptômes de burnout: comment réagir? Il ne reste plus que quelques jours pour terminer un grand projet, comment stimuler l’équipe qui est déjà très fatiguée? La communication entre deux départements de votre entreprise est mauvaise, comment améliorer la situation? «Ces questions pratiques sont ensuite discutées avec les autres joueurs. Chacun peut donc donner son avis et proposer ses solutions. Le tout dans une ambiance très décontractée qui facilite grandement la résolution des problèmes», sourit-elle.

Les intervenants

Daniel Wagner dirige la société de conseil SIRH  D. Wagner & Partners à  Genève. Lien: www.sirhpartners.com

Les intervenants 

Michel Gérard est le CEO de Conscio Technologies, éditeur de serious games, basé à Paris. Lien: www.conscio-technologies.com

Les intervenants 

Susanne Zimmermann dirige la société de conseil CTC Consulting Training Coaching. Lien: www.c-t-c.ch

 

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Marc Benninger est le rédacteur en chef de la version française de HR Today depuis 2006.

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