DBA

«Pour des managers qui souhaitent capitaliser sur leur expérience»

Une nouvelle formation donne la possibilité aux managers expérimentés d’écrire une thèse. Michel Kalika, le directeur du Business Science Institute, détaille ici le mode opératoire. 

La première volée suisse du Business Science Institute obtiendra son diplôme en octobre 2015. Combien sont-ils et de quels horizons?

Michel Kalika: Cette première volée est composée de sept personnes, basées entre Genève, Tunis et Montréal, sur un total actuel de 50 doctorants-managers. Les trois managers suisses sont d’horizons différents: un manager d’une grande société de conseils en système d’information, un DRH actif dans la grande distribution et un haut fonctionnaire au Ministère des finances de Genève.
 

Quelle est la raison d’être de cette formation?

Les managers, avec un niveau d’étude MBA et une expérience de 15 à 20 ans, souhaitent prendre du recul, capitaliser sur leur expérience et partager leur vécu avec les autres. Nous leur proposons donc d’écrire une thèse. D’où le nom du cursus: DBA, Doctorate In Business Administration. Notre équipe de professeurs joue un rôle de support et de coach. Ils apportent les concepts, la méthodologie et du recul.
 

En quoi le DBA est-il différent d’une thèse de doctorat?

Le doctorat traditionnel s’adresse à des jeunes étudiants de 25 ans, disposant en général d’une bourse et avec l’intention de devenir professeur. Le DBA s’adresse à des professionnels qui sont en activité et qui ne souhaitent pas devenir professeur à temps plein. Ils ont par contre envie de créer de la connaissance en capitalisant sur leur expérience managériale. Les publics sont donc différents, tout comme les finalités et les contenus.
 

Quels sont les sujets traités par cette première volée?

C’est un autre élément de différence avec la thèse traditionnelle. Dans le DBA, le manager arrive avec son sujet. En général, c’est une problématique managériale qui le passionne depuis des années. Il arrive aussi avec des données, des réseaux et une expérience du terrain.
 

Des exemples?

Un DRH d’un grand groupe de distribution suisse s’interroge sur l’évolution des compétences dans un environnement de plus en plus concurrentiel. Comment faire évoluer ces compétences? Comment faire évoluer la culture d’entreprise? Deuxième exemple: un haut fonctionnaire genevois s’intéresse à la contradiction des normes entres les régions suisses et françaises de la zone du Grand Genève. Comment définir des normes communes? Il est dans une logique de recherche-action. C’est-à-dire qu’il apporte des solutions. Troisième exemple en Amérique du Nord: un consultant évalue les projets de recherche médicale et propose une nouvelle méthodologie d’évaluation pour les maladies rares. A chaque fois, nous essayons de dépasser la problématique pour aller vers les solutions et des recommandations managériales. C’est la caractéristique du DBA.
 

Vous travaillez avec un réseau de professeurs, pouvez-vous nous en dire un peu plus?

Comme les candidats arrivent avec leur propre sujet, nous sommes obligés d’avoir un collège de professeurs extrêmement large, qui dépasse une seule institution. A l’inverse des thèses de doctorats traditionnels, où c’est en général le professeur qui donne le sujet à l’étudiant, nous cherchons le professeur qui sera en mesure d’accompagner le manager. Nous sommes une sorte d’agence matrimoniale (sourire).
 

Qui délivre le diplôme?

A l’origine, le DBA était délivré uniquement par le Business Science Institute, basé au Luxembourg. Depuis novembre 2014, nous avons un partenariat avec l’IAE de l’Université de Lyon Jean Moulin. Nos étudiants reçoivent donc un double DBA, de la BSI et de l’Université de Lyon. En plus, nous avons un partenariat avec la Business School de l’Université technologique de Sydney qui délivre, à la fin de la première année, un Certificate of Research in Business Administration.
 

Combien coûte ce cursus?

Pour les trois années, 20000 euros tout compris. 
 

L’intervenant

Michel Kalika est conseiller scientifique du Business Science Institute, une association à but non lucratif basée au Luxembourg. Professeur des Universités en management, spécialisé en stratégie, il a dirigé l’école de management Strasbourg et coécrit le livre «Management stratégique», éd. Vuibert.

 

 

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Marc Benninger est le rédacteur en chef de la version française de HR Today depuis 2006.

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