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«Quand l’horlogerie repartira, nous serons prêts»

Le directeur de Kelly Services en Suisse romande, Stéphane Gigon, détaille sa stratégie pour s’adapter aux évolutions du marché horloger. 
Kelly Services est notamment spécialisé dans les emplois pour le secteur horloger, qui connaît un recul des commandes. Comment cela impacte-t-il vos activités? 
Stéphane Gigon: Je préfère parler de retour à la normalité. En 2015, les exportations horlogères ont baissé de 3,3 %. Les emplois temporaires du secteur horloger ont suivi cette courbe. C’est d’ailleurs notre rôle d’être le tampon entre les baisses de commande et le turnover du personnel. Mais nous serons aussi les premiers à faire des affaires quand les commandes redémarreront. A noter que les horlogers ont également imaginé un dispositif de mobilité flexible, qui leur permet de se passer des collaborateurs. 
 
Avec la crise du franc et la digitalisation de notre économie, la situation conjoncturelle de la Suisse s’est tendue. Quelles stratégies le secteur interim devra-t-il mettre en œuvre pour s’adapter? 
Aujourd’hui, pour être performant, une des clés est de se spécialiser. Nos avons donc segmenté nos prestations selon les secteurs: Life Sciences, Horlogerie, Medical, Office & Administration, Bâtiment, Industrie et Technique. Dans l’horlogerie, nous avons mis sur pied des ateliers pour tester et former les chercheurs d’emploi aux métiers horlogers à Bienne, Neuchâtel, Fleurier, la Chaux-de-Fonds, Delémont et Sion. Nous avons acheté des établis, des brusselles, des migrosses, des binoculaires et des mouvements complets. Nous sommes ainsi en mesure de tester les compétences de nos collaborateurs dans nos ateliers propres. Nous nous sommes par exemple rendu compte que les coiffeuses et les couturières sont très habiles dans les métiers horlogers. Quand la conjoncture repartira, nous serons prêts. 
 
Vous formez donc de plus en plus de monde? 
Oui. Et nous avons aussi créé des partenariats avec des hautes écoles, notamment le centre de formation horlogère de Neuchâtel, qui s’occupe de former nos candidats. Pour le financement, nous utilisons le fonds de formation TempTrend. 
 
Depuis la votation du 9 février 2014, les patrons d’entreprise sont dans l’incertitude. Et vous?
Je ne crains pas cette échéance. En Suisse, nous sommes suffisamment intelligents et clairvoyants pour ne pas créer une solution unilatérale. S’il y a un besoin dans le secteur médical, on ne va pas arrêter de soigner les gens. Il y aura donc toujours une solution. Ce sera peut-être plus compliqué administrativement.
 
Quel est votre rôle dans l’intégration des étrangers sur le marché du travail suisse?
Notre priorité est la satisfaction de nos clients. A nous de trouver la meilleure personne pour un profil de poste. Que le travailleur soit étranger ou non, cela m’importe peu. Ce qui prime ce sont ses compétences. Le travail temporaire peut par contre être un excellent tremplin pour favoriser son intégration dans le monde du travail.
 
Comment appréhendez-vous le conflit avec la France à propos des assurances sociales?
Ces accords sont politiques avant d’être économiques. Concrètement, nous nous assurons que les travailleurs frontaliers sont désinscrits des ANPE avant de les engager. Ce qui provoque une surcharge administrative en France. En ce qui concerne les négociations, nous sommes représentés par Swissstaffing. Nous constatons une certaine accalmie, car cette situation n’arrange personne. Le plus important c’est de rester dans l’action, et de ne pas attendre que les choses se règlent toutes seules. C’est le premier pas qui compte et non le dernier. L’action permet de grandir et de nous enrichir.
 

Stéphane Gigon

Stéphane Gigon, 48 ans, est le directeur de Kelly Services Suisse romande depuis le 1er janvier 2015. Il démarre sa carrière dans l’in­dustrie du vide (Ateliers Busch SA), puis dans un bureau de place­ment de personnel. Il reprend ensuite avec Edouard Comment la franchise de Persona (formation).
On vient ensuite le chercher pour diriger Lee Hecht Harrison (groupe Adecco) en Suisse romande. Après la fusion de Lee Hecht Harrison avec DBM, il rejoint Préférences SA, avant d’entrer chez Kelly Services.

 

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Marc Benninger est le rédacteur en chef de la version française de HR Today depuis 2006.

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