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Recherche candidat un peu fou

Après le savoir-faire (hard skills), le savoir-être (soft skills), voici les compétences dites atypiques, ou mad skills. Explications.

Avoir une marotte qui rend le candidat un peu «spécial» est perçu comme quelque chose de positif par 75% des recruteurs, selon des sondages récents.  Dans un monde réputé imprévisible, complexe et ambigu, les profils atypiques commencent à avoir la cote, car les entreprises ont de plus en plus besoin de collaborateurs capables de sortir des sentiers battus pour réfléchir «out of the box».

En français, l’expression mad skills pourrait se traduire par «talent de malade». Dans la pratique, ces compétences se repèrent dans les loisirs et les activités extraprofessionnelles des candidats. Exemple: vous avez appris à maîtriser, en vous entraînant dix heures par semaine, un sport pour lequel vous n’aviez pas vraiment de prédispositions particulières; vous faites du bénévolat depuis des années; vous avez retapé vous-même tous les meubles de la maison; vous avez entrepris un long périple dans un pays lointain pour découvrir une nouvelle culture, etc.

Ce qui est en train de changer

Au début il y avait les hard skills, c’est-à-dire les compétences et les connaissances objectivables, comme la maîtrise d’un outil informatique ou la compréhension d’une langue. Puis on a parlé des soft skills, qualités un peu plus subtiles et subjectives, comme l’empathie, l’entregent, etc. Voici maintenant les compétences atypiques. «Nous constatons une réelle évolution dans le monde du travail, où les activités professionnelles prennent de plus en plus de place dans la vie des gens, explique Natacha Melly, responsable administration RH et coordination événementielle pour l’agence de recrutement Triplem Human Emotion, à Lausanne. Les passe-temps d’un candidat sont importants pour le recruteur, car ils reflètent ses centres d’intérêts, ses forces et finalement sa personnalité. Quand ils sont mentionnés dans le CV, c’est un gain de temps pour nous, car nous abordons souvent la question des hobbies en entretien. Cela nous permet de mieux le connaître, de comprendre plus rapidement et plus facilement son caractère. Finalement, ce qui compte pour le recruteur est de s’assurer de l’authenticité du candidat et de vérifier ses aptitudes. Les activités sportives, artistiques ou autres fournissent des preuves concrètes.»

Les limites du concept

La différence entre soft skills et mad skills n’est pas forcément évidente.  Prenez, par exemple, la persévérance: est-ce une soft skill ou une mad skill? Selon certains experts, la réponse est assez simple: une compétence qualifiée de soft peut être considérée comme mad au-delà d’un certain stade ou d’une certaine intensité.

Il n’échappera pas non plus aux esprits critiques que l’intérêt pour les mad skills comporte un risque, celui de coller une nouvelle étiquette sur les candidats – comme on n’avait pas déjà suffisamment tendance à les cataloguer. Que va-t-on découvrir demain: les wise skills (compétences sages), comme le sens du compromis? Et ensuite, pourquoi ne pas reconnaître aussi l’existence de compétences «extraordinaires», comme un esprit particulièrement intuitif? Plusieurs recruteurs relèvent enfin que dans la pratique, un candidat non conformiste suscite certainement de la curiosité, mais de là à l’engager, il y a un pas que toutes les entreprises ne sont pas disposées à franchir. 

Les mad skills effectivement recherchées ne seraient finalement pas si détonantes.  Une rapide recherche internet montre qu’il s’agirait, par exemple, de la propension à se remettre en question ou de la capacité à inventer des solutions inhabituelles. L’aspect vraiment surprenant de ces compétences tiendrait surtout à la façon dont la personne les a acquises: sport individuel ou collectif de haut niveau, bénévolat de longue durée, implication dans la vie associative, pratique d’un mentorat, etc. Certains experts sont plus précis et citent la capacité à supporter l’échec, l’altruisme et l’esprit de témérité.  Cependant, l’idéal selon eux pour sortir du lot serait de réunir hard skills, soft skills et mad skills. Mais il ne faudrait pas oublier l’agilité et l’adaptabilité: selon le «Fast Company Magazine», c’est la compétence la plus importante pour réussir professionnellement au 21e siècle.

commenter 0 commentaires HR Cosmos

Typographe de premier métier, Francesca Sacco a publié son premier article à l’âge de 16 ans pour consacrer toute sa vie au journalisme. Elle obtient son titre professionnel en 1992, après une formation à l’Agence télégraphique suisse, à Berne. Depuis, elle travaille en indépendante pour une dizaine de journaux en Suisse, en France et en Belgique, avec une prédilection pour l’enquête.

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