Restructurations, précarisation et opportunités cachées
L’an dernier, le marché du travail suisse s’est montré contrasté: hausse des licenciements, difficultés croissantes pour les travailleurs seniors, mais aussi une forte dynamique de recrutement, selon le nouveau baromètre réalisé par le cabinet von Rundstedt.

Photo: iStock
Après une forte expansion en 2021 et 2022, l’économie et la pénurie de main-d’œuvre ont commencé à se stabiliser à partir de 2023, indiquent les auteurs du «Baromètre du marché de l’emploi von Rundstedt 2025». De nombreuses entreprises ont mis en place l'an dernier des mesures de réduction des effectifs dans tous les secteurs.
Ces ajustements ont permis de corriger les surcapacités tout en optimisant et réorganisant les structures en place. Ainsi, le marché de l’emploi a connu à la fois une hausse des licenciements et des recrutements. «Pour la première fois depuis la crise du Covid-19, le marché du travail semble retrouver un équilibre plus sain, remarque Anne Donou, directrice de von Rundstedt en Suisse romande. Cependant, cette situation met également en lumière des problématiques structurelles persistantes.»
Précarisation des travailleurs seniors
La durée moyenne de recherche d’emploi a légèrement diminué pour atteindre six mois. Mais cette amélioration ne profite pas à tous. Les travailleurs de plus de 50 ans peinent de plus en plus à retrouver un emploi, et l’effet «guillotine» devient flagrant après 55 ans. «Pour ces personnes, la recherche d’emploi est devenue encore plus difficile, avec une augmentation significative de la durée de recherche. L’écart entre les profils faciles et difficiles continue également de se creuser.»
En parallèle, le marché caché, c’est-à-dire les postes pourvus sans annonce publique, gagne du terrain, représentant 43% des recrutements contre 38% pour les annonces officielles. «Cette tendance met en avant l’importance croissante des réseaux professionnels dans la recherche d’emploi», souligne Anne Donou.
Pression sur les salaires
Autre fait marquant: la pression accrue sur les salaires après un licenciement. Près d’un quart des personnes ayant retrouvé un emploi ont dû accepter une baisse de salaire, une tendance particulièrement marquée chez les travailleurs plus âgés. Les plus de 50 ans enregistrent une baisse moyenne de 14% de leur rémunération, tandis que que les 30-40 ans bénéficient d’une augmentation au moment de retrouver un nouvel emploi.
Le baromètre von Rundstedt a été établi à partir d’informations recueillies auprès de 2738 personnes touchées par un licenciement et issues de 340 entreprises de divers secteurs ayant procédé à des réductions d’effectifs en Suisse en 2024.
Télécharger l’étude complète: «Baromètre du marché de l’emploi von Rundstedt 2025»