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Toujours plus de cadres doivent diriger virtuellement

Conséquence de la mondialisation croissante et de la numérisation, de plus en plus d'employés travaillent hors du siège de leur entreprise. Les dirigeants doivent donc être en mesure de surmonter les différences culturelles, de temps et de distance. La confiance et l'entretien des relations jouent ainsi un rôle crucial.

(ats) Certains consultants offrent leurs services dans ce domaine, malgré un certain manque de demande. Les séminaires sur la thématique de la "direction virtuelle" attirent assez peu de visiteurs, relève Rolf Zemp.

Ce dernier est consultant indépendant, formateur et enseignant en gestion du personnel depuis 2000. Son entreprise, Zebeco, basée à Zurich, compte des clients tels que UBS, Swisscom, ou Schindler.

"Les entreprises partent souvent du principe que leurs cadres sont facilement capables de gérer cette thématique", note M. Zemp. Si des problèmes surgissent, ils sont la plupart du temps abordés par un coaching individuel des dirigeants.

Défis sous-estimés

Bruno Borer, conférencier à l'Ecole-club Migros de Berne, a fait la même expérience. Un récent événement sur la "direction virtuelle des collaborateurs" n'a enregistré que peu d'inscriptions. "En Suisse, la direction virtuelle n'est pas encore un sujet majeur et n'en est qu'à ses prémices", explique-t-il. La même offre sera à nouveau proposée au quatrième trimestre.

Les demandes de formation dans ce domaine ont certes globalement augmenté, mais la situation varie fortement selon les entreprises, note Detlev Stabenow, qui a écrit un livre sur le sujet. Il se dit toujours surpris du peu de personnes participant aux formations dans les entreprises qui travaillent beaucoup virtuellement.

Les spécificités du sujet sont totalement sous-estimées, estime le psychologue. Résultat, les employés se sentent souvent livrés à eux-mêmes, par manque d'échange informel. Ils doivent prendre des décisions seuls sur le terrain, mais sont désorientés par le manque de ligne directrice claire.

De la place pour un échange informel

Les experts estiment cruciale la confiance entre la direction et les collaborateurs. Si la confiance ne peut pas être enseignée, il s'agit toutefois d'aider les dirigeants à construire une relation à lâcher prise, relève M. Zemp. Ils doivent apprendre à surmonter leurs craintes et leur besoin de contrôle et, le cas échéant, à répondre clairement et ouvertement aux problèmes.

Les cadres doivent remplacer la distance physique par davantage de proximité psychologique, estime pour sa part M. Stabenow. L'échange d'idées, qui peut habituellement avoir lieu lors du repas de midi ou dans les couloirs, doit être recueilli autrement.

Au téléphone, il est ainsi important de ne pas uniquement aborder les tâches en cours, mais aussi laisser de la place aux discussions de fond, à des appréciations personnelles, ou à différents problèmes. Il est également bon de se rencontrer en personne de temps à autre.

Définir des objectifs clairs

Avant même le début du travail, Detlev Stabenow conseille par ailleurs de prendre du temps pour penser et discuter ensemble de ce qu'implique la distance pour la collaboration et l'échange professionnel, ainsi que de la manière de la gérer.

Les objectifs doivent être clairement définis, ajoute Rolf Zemp. Il est ainsi pratiquement impossible - comme le craignent souvent les dirigeants - que les employés profitent de la situation. Par ailleurs, la question des délais ne se pose plus.

Bruno Borer va encore plus loin et considère que les employés devraient être impliqués dans la décision. Les projets ne doivent pas simplement être commandés et envoyés par le chef, mais élaborés avec les collaborateurs.

La technique comme alliée

Pour le conférencier, l'important est de parvenir à créer un sentiment de "nous", malgré les distances ou les différentes cultures. Un patron ne doit pas simplement apparaître en tant que directeur suisse, mais examiner de près son équipe virtuelle et comprendre la culture ou les coutumes d'un autre pays.

Un point d'achoppement est la langue de travail, qui peut aboutir à des malentendus. "Tout le monde parlant par exemple anglais n'est pas forcément capable de parler un bon anglais", illustre M. Zemp.

A cela s'ajoutent les exigences techniques. Les dirigeants doivent par exemple être à jour avec la téléphonie par vidéo ou les services de discussion en ligne. A l'inverse, les avancées technologiques de ces dernières années ont grandement amélioré la communication. Les vidéo-conférences avec une meilleure qualité d'image renforcent par exemple le sentiment de proximité.

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