Transports en commun
Lauraine Ebener dirige les ressources humaines des TL à Lausanne. Elle met la confiance et le dialogue avec son équipe au centre de ses actes.
Lauraine Ebener, DRH des transports lausannois.
Dynamique et enjouée, Lauraine Ebener a le sens de l’accueil. D’entrée, elle met son interlocuteur à son aise. Première femme directrice aux TL (Transports lausannois), elle a su se faire une place dans un milieu de managers masculins. Sans doute grâce à son parcours très varié, entre le marketing sportif et les services informatiques. Lorsque les opportunités se sont présentées sur sa route, elle a su les saisir et les utiliser pour accomplir un cursus riche et diversifié en expérience.
Aujourd’hui, elle est la responsable des ressources humaines des transports publics de la région lausannoise et officie aussi comme vice-présidente du CRQP (Centre romand pour les questions du personnel).
Un parcours original
La Valaisanne née en 1965 a grandi à Fribourg où elle démarre ses études par une maturité littéraire avant de poursuivre en Sciences politiques. «Je voulais absolument comprendre les grandes questions de l’histoire de l’homme», relève Lauraine Ebener.
Son expérience professionnelle peut être qualifiée d’hétéroclite. Très tôt, le Comité International Olympique (CIO), et les questions de marketing et de sponsoring suscitent son intérêt. Elle se lance alors dans un brevet fédéral d’éducation physique. Elle enseigne comme professeur pendant trois ans en parallèle de ses études qu’elle termine par un mémoire dédié à la discipline et qui présente les implications politiques dans le sport.
A l’époque, elle rêve de rentrer au CIO. Comme l’occasion ne se présente pas, elle se tourne alors vers le marketing et décroche un stage à Bangkok en Thaïlande au sein d’une entreprise anglaise active dans l’immobilier. «Comme l’Asie est en pleine évolution déjà à cette époque, de nombreux grands projets attirent les investisseurs internationaux. L’expérience fut très enrichissante pour moi», confie Lauraine Ebener.
Après son stage et un voyage sac à dos de plusieurs mois en Asie, la jeune femme rentre au bercail et réfléchit à son avenir. Elle écarte l’enseignement, un terrain connu mais un peu trop répétitif à son goût. Alors que le marketing sportif l’intéresse toujours mais reste difficilement accessible, une annonce de conseiller en personnel attire son attention. Elle obtient le job et s’occupe de recruter des cadres dans le domaine de l’informatique chez CBA. Ce premier emploi de quatre ans lui permet de découvrir le monde économique avec ses différentes facettes et aussi d’apprendre l’art de négocier.
Après avoir fait le tour des activités de recrutement, elle postule chez Unicible, le centre informatique des banques cantonales romandes. Elle obtient le poste de responsable RH à l’âge de 28 ans. «A cette époque, il y avait tout à faire chez Unicible. La société venait d’être créée et avait besoin d’une structure de ressources humaines, d’une politique en la matière et d’un centre de formation.
Après neuf ans dans ce poste qui la fait grandir, elle retourne à ses premières amours et poursuit son chemin à l’UEFA comme responsable RH. Avec l’Euro 2008, elle y découvre l’effervescence et l’impulsion donnée par une manifestation d’une telle d’envergure internationale. Elle crée la structure RH nécessaire à cet événement. «Une expérience géniale et unique» qui répond à son goût de créer des choses, de lancer des projets. En bref, d’être en mouvement! En outre, son dynamisme correspond très bien à l’aspect événementiel de ce grand raout du football.
«Un climat de confiance»
Après cette expérience, elle quitte l’association. C’est alors que l’un de ses amis lui parle des TL et du départ du directeur des ressources humaines. D’abord sceptique, elle ne se voit pas dans ce type d’entreprise. Malgré cela, elle rencontre le directeur, Michel Joye. Elle découvre alors un vrai patron et aussi les nombreux projets sur lesquels travaille une entreprise de transport public.
«Le management des TL qui valorise le capital humain m’a tout de suite attirée. Je me suis sentie en confiance avec la vision du directeur en poste. J’ai eu envie de m’investir pour cette entreprise, car j’ai compris les enjeux et les défis qui étaient en train de se dessiner. Les TL défendent aussi les valeurs que je recherchais à cette époque. Cela représentait une opportunité de contribuer à l’évolution d’une entreprise de la région», confie Lauraine Ebener.
Première femme à accéder à la direction de l’entreprise, elle débute alors au sein des TL, animée par de multiples défis. «Je pense que mon arrivée a su créer une nouvelle dynamique au sein du management. Je me suis tout de suite sentie très à l’aise dans cet environnement où règne un climat de confiance très appréciable», relève encore la directrice RH des TL.
L’humain au centre de ses choix
Elle ne regrette en rien sa décision. Les TL sont une entreprise en pleine expansion dont les perspectives la motivent. Entre 2010 et 2013, ils prévoient près de 200 millions de francs d’investissements ainsi que la création de 180 postes de travail. Actuellement, les TL emploient 1100 collaborateurs. De quoi intéresser une directrice RH.
Parmi les gros projets depuis le M2 qui relie Ouchy à Epalinges, la société travaille sur des projets d’axes forts (tram reliant Renens au Flon, les BHNS, des bus à haut niveau de service dont la vitesse est accélérée». L’expansion va de pair bien sûr avec celle de Lausanne et son agglomération.
Il y aussi toute une série de projets d’urbanisation qui vont permettre de développer des nouveaux transports», relève la directrice. Avec son équipe, Lauraine Ebener, privilégie le facteur humain. Elle favorise l’échange d’informations. Elle aime générer des idées et apprécie aussi d’en recevoir de la part de son entourage. Dans sa manière de diriger, elle aime laisser de l’autonomie à son équipe et ensuite de réunir pour mettre en commun les idées.
«Je fixe un cadre de réflexion et d’action et je laisse les gens y évoluer à leur aise. Comme je travaille avec des gens compétents et responsables, cela ne pose pas de problèmes et fonctionne très bien», confie la directrice RH qui aime aller de l’avant et qui préfère parler de solutions plutôt que de problèmes. Parmi ses valeurs les plus importantes, la confiance est au centre de tout.
Le manque de franchise et de loyauté ne fait pas partie de son environnement. Pour elle, il entraîne un climat de défiance, peu propice à la bonne marche de l’activité et à l’épanouissement des collaborateurs. Il est aussi fort consommateur d’énergie! Dans son travail, elle reconnaît que ce qu’elle préfère, c’est lancer des idées et développer des projets, plutôt que les activités un peu plus répétitives.
Mais responsable RH d’une grande entreprise implique de se pencher aussi bien sur des organisations de concepts ou la définition des grandes stratégies que sur des contrats à signer ou des salaires à négocier.
Un avenir qui bouge
Pour l’heure, les TL mettent l’accent sur plusieurs défis majeurs pour les ressources humaines. «Pour commencer, nous voulons être un employeur attractif afin d’attirer des collaborateurs avec des profils diversifiés. Notre effectif se compose pour moitié de conducteurs, pour un tiers d’employés affectés à la maintenance comme des mécaniciens ou des électroniciens. Enfin, près de 15 pour cent sont des ingénieurs et chefs de projets. Le solde restant est actif dans l’administration», observe Lauraine Ebener.
Face à cette structure du personnel, l’entreprise lausannoise se penche sur le développement de la mobilité en interne de ses collaborateurs. «En effet, lorsqu’un conducteur commence chez nous à 35 ans, il est difficile ensuite de le faire évoluer dans un autre métier», confie encore la responsable RH. «Pour nous, faire bouger les employés au sein de la société représente une valeur ajoutée, car en général ces personnes ont plus de motivation et accroissent leurs compétences.
Par cette démarche, les TL souhaitent faire croître leur culture d’entreprise en fidélisant les collaborateurs. Fiers et convaincus par leur entreprise, ils en deviennent dès lors les meilleurs ambassadeurs». De plus, dans la pratique, les ressources humaines des TL ont défini depuis le début de 2011 une nouvelle organisation qui leur permet de travailler en partenariat avec le management de la ligne pour mieux répondre à la croissance de l’organisation.
Lauraine Ebener en 20 secondes
Un plaisir? Une course en montagne.
Une corvée? Une tâche répétitive.
Un livre? La ligne bleue de Daniel de Roulet. Un plat? Le carpaccio de thon au citron vert.
Une boisson? Un vin rouge bien corsé.
Un objet fétiche? Une petite pierre reçue au Sri Lanka.
Le meilleur conseil reçu? «Prends soin de ta famille et de tes amis.»