UCB Farchim: comment retenir les talents dans un contexte de production industrielle concurrentiel
Installée à Bulle depuis 1996, UCB Farchim (filiale du groupe biopharmaceutique belge UCB) emploie plus de 600 collaborateurs·trices dont plus de 400 dans son outil de production biologique et chimique et se positionne comme un des fleurons de l’économie fribourgeoise. Sa double expertise de production biologique et chimique est unique et permet de délivrer des traitements aux patients souffrant de maladies graves dans le monde entier.
Le siège d'UCB Farchim à Bulle.
Un contexte de production biotech
DRH depuis 2019, Stéphane Crausaz doit faire face au dynamisme du secteur de la biotech en Suisse romande, avec une forte croissance notamment en termes d’investissements, de revenus générés et de création d’emplois. Dans ce contexte, le défi consiste à garder ses talents et soigner son attractivité. À noter aussi que la production industrielle dans le domaine de la biotechnologie (qui utilise des organismes vivants) nécessite un rythme de production continu, 7 jours sur 7, 365 jours par année. Les équipes sont organisées avec des horaires cadencés et structurés en 5 fois 8. «Nous avons traversé une période difficile en 2019 et 2020, avec un taux de rotation très élevé.» Pour comprendre la situation, Hannah Fischer, Talent Partner chez UCB Farchim, mène une série d’entretiens pour décrypter les leviers de rétention du personnel (en plus des entretiens de départ). Les résultats des enquêtes internes d’engagement sont également scrupuleusement analysés. Résultats? «Nous récoltons aujourd’hui les fruits des actions mises en place en lien avec notre stratégie de rétention. Notre taux de rotation a été divisé par 3 pour 2022». Stéphane Crausaz commente ici les projets mis en œuvre supportant les axes de rétention et de recrutement.
Total Reward Package
«Nous avons choisi de modifier notre approche de valorisation de l’ancienneté notamment concernant le cap des 5 ans de service engendrant une prime financière et déclenchant un droit à des vacances supplémentaires. Avec nos contraintes de production, il est difficile de flexibiliser les horaires, donc nous offrons plus de flexibilité au travers des vacances.»
Nous avons également réorganisé nos horaires cadencés afin de réduire la pénibilité physique sociale et mentale. Certaines journées ont été supprimées du planning annuel afin de l’alléger sans impacter le niveau de rémunération. Le congé maternité a été rallongé à 17 semaines et nous avons introduit un congé paternité de 3 semaines. Ces solutions amènent plus d’opportunités de conciliation entre vie professionnelle et vie privée. Dans la continuité de ces démarches, une initiative a été lancée nommée Flex4all qui vise, en co-création avec les équipes, à trouver des solutions supplémentaires de flexibilité pour ces métiers dit «contraints».
Nous offrons aux collaboratrices et collaborateurs une prime de bien-être et nous avons fait une campagne de communication coup de poing pour informer les équipes des nouveaux avantages mais également pour rappeler la série d’avantages existants qui étaient passée dans l’oubli: telle que la politique des congés sans solde par exemple.»
Carrières revisitées
L’autre chantier RH fut de mettre en valeur les possibilités de carrière. «Nous avons mis en place deux options, une voie d’expertise et une voie de management avec des chemins de carrières bien définis. Les carrières horizontales sont aussi mises en valeur et génèrent des opportunités de transfert de la plateforme de production chimique/pharmaceutique vers celle de production biotechnologique. Au travers de plusieurs expériences de vis-ma-vie entre techniciens de production, il y avait des similitudes intéressantes dans les métiers permettant de dynamiser les mouvements internes.»
Filière d’apprentissage
Afin de travailler sur la relève dans les métiers de production biopharma, UCB Farchim engage aussi pour la première fois deux apprentis (CFC de technologie de production chimique et pharmaceutique). «Cette filière d’apprentissage est peu valorisée dans le canton de Fribourg. Les cours sont à Monthey (Valais) ce qui décourage de nombreux jeunes à opter pour cette voie. Nous pensons qu’il y a une vraie opportunité de développer les filières de formation dans le domaine de la biotechnologie en Suisse romande et notamment les filières d’apprentissage. De manière plus globale, la Suisse est un pays séduisant pour attirer les entreprises actives dans le domaine de la biotech parmi les facteurs d’attractivité, la qualité des écoles fait partie des atouts mais le volume d’offres d’emplois semble dépasser la capacité des écoles à alimenter le marché. Une réflexion dépassant le périmètre cantonal pourrait s’avérer utile».
Culture d’entreprise
La question du sens est forte dans ce secteur puisque le site bullois d’UCB Farchim produit des médicaments pour soigner les maladies graves affectant notamment le système immunitaire et les troubles neurologiques. «De manière générale, nos équipes sont très attachées à la culture d’entreprise encourageant la responsabilisation, la collaboration, l’innovation dans la perspective de contribuer à la création de valeur pour les patients. Notre principal défi en termes de culture est de la faire vivre dans cet environnement de production où les collègues travaillent dans des horaires particuliers pouvant être un rempart aux synergies et interactions avec les équipes d’autres départements. Dans l’organisation d’événements réunissant tout le personnel ou lors d’organisation de campagnes de communication à grande échelle, nous devons tenir compte de cette réalité pour permettre aux équipes en horaires décalés d’y participer. Cela contribuant à nourrir le sentiment d’appartenance.»