Droit et travail

Un certificat de travail ne doit pas donner une mauvaise impression

Les certificats de travail causent parfois des tensions entre l’ancien employeur et le collaborateur sur le départ. Chaque mot est sous-pesé alors que l’importance du document est souvent mineure. Il y a néanmoins quelques règles à respecter. Et surtout, évitez les figures de styles inutiles.

«Dans mon certificat de travail c’est écrit en toute satisfaction. J’aurais préféré «pour notre plus grande satisfaction». Je vais me défendre. Si nécessaire, j’irai au Prud’hommes pour régler cette affaire. Ils me donneront sûrement raison eux», s’emporte un collaborateur sur le départ. «Plus blanc que blanc n’existe pas», lui répondra l’employeur qui a rédigé le document incriminé. Et il a raison, car «pour notre plus grande satisfaction» est presque un pléonasme. Mais le collaborateur en est persuadé: il existe un code secret des certificats de travail. Un peu comme les traces laissées par les colporteurs sur les portes des «clients» malhonnêtes ou radins. 

Un client me racontait l’autre jour que pendant un entretien d’embauche l’employeur lui avait fait remarquer que son certificat de travail n’était pas bon. La formulation de ses compétences n’était pas claire et ne correspondait pas au jargon habituellement utilisé dans ce genre de situation. Comme spécialiste de l’outplacement, nous sommes sans cesse confrontés à ce genre de situation. Alors comment doit-on rédiger un bon certificat de travail?

Avant toute chose, une clarification s’impose: le langage secret qui ne se comprend qu’avec l’aide d’un code uniquement connu des recruteurs n’existe pas. Les certificats de travail doivent être vrais, exhaustifs et bienveillants. Personne ne présentera un certificat dans lequel des lacunes sérieuses seraient mentionnées. 

Il existe néanmoins des conventions tacites concernant du contenu d’un certificat de travail. Ceux-ci doivent mentionner les données personnelles du candidat, ses domaines de compétences, la description précise des activités qu’il ou elle a dû exercer, une appréciation de ses performances et de son comportement et enfin, des recommandations, les raisons de son départ et des remerciements. Quant aux points qui n’ont pas été satisfaisants, on n’en parle pas. Pour les connaître, il faut savoir lire entre les lignes. Si la mention d’une certaine compétence n’apparaît pas, il faut en déduire qu’il y a là un problème. Et si le certificat est rempli de figures de style, l’appréciation frise le zéro, peu importe si «avec toute notre satisfaction» remplace «pour notre plus grande satisfaction.» 

Quelle importance donner aux indications d’un certificat de travail? Je pars toujours du principe, surtout quand j’ai affaire avec des cadres, qu’environ un tiers de leurs certificats de travail porte leur propre signature. C’est donc normal qu’ils donnent une excellente impression. Si l’auteur est le supérieur hiérarchique, je les lis différemment. Car je risque d’y trouver des informations utiles sur les raisons du départ: un projet qui a capoté, un secteur de l’usine dont les résultats ne sont pas probants ou des incompatibilités personnelles. 

Mais attention! L’auteur du certificat s’est-il vraiment donné la peine de l’objectivité? Est-il en train de se venger parce que le collaborateur le quitte au mauvais moment? Ou écrit-il pour plaire, en pensant à sa future réputation d’employeur-recruteur? Il faut toujours se poser ce genre de questions. Et j’ai pris l’habitude d’être particulièrement curieux quand j’ai affaire à des certificats de travail quasiment parfaits. A noter encore qu’avec l’aide d’un ordinateur, c’est devenu assez facile de fausser un certificat de travail, y apporter des améliorations ou supprimer les passages moins glorieux. Cela arrive aussi qu’un certificat soit rédigé pour faire du tort, parce qu’on ne veut pas que notre ex-meilleur employé trouve du travail chez la concurrence. 

Pourtant, le certificat de travail est nécessaire. S’il fait défaut, on ouvre la porte aux spéculations et aux suppositions: était-il si mauvais qu’il n’a même pas osé nous montrer son certificat de travail? Qu’a-t-il bien pu faire à son ancien employeur pour que celui-ci ne daigne pas lui rédiger un certificat de travail? Les certificats sont une pièce importante dans la tâche difficile qui consiste à cerner un candidat. Je peux par exemple comparer mes impressions personnelles avec les informations du certificat et ensuite décider si mon image correspond avec l’évaluation écrite. Si ce n’est pas le cas, le certificat est-il trompeur? Ou est-ce mon impression qui a été faussée car je n’aimais pas la chemise ou la façon de parler du candidat?

Il ne faut pas sur- ni sous-estimer la valeur d’un certificat de travail. Comme dans un assessment, chaque dimension du candidat doit être vérifiée sous au moins deux angles différents. Les certificats aident à mieux connaître un candidat, mais il faut accepter que ces documents ont également leurs limites.

Quelles sont les erreurs à ne pas commettre? Certains employeurs n’écrivent que des bons certificats. D’autres que des mauvais et d’autres encore que des compromis. Certains n’arrivent tout simplement pas à écrire un bon certificat, d’autres recourent systématiquement aux mêmes formules et pratiquent le copié-collé à tout va. Le recourt à des soi-disant «codes secrets» doit par conséquent être évité car le risque qu’ils soient mal interprétés est élevé. 

Les employeurs et les chefs du personnel ont une double fonction par rapport aux certificats de travail: ils sont à la fois les lecteurs et les auteurs de ce genre de document. A la lecture, ils peuvent donc facilement se mettre dans la peau de celui qui écrit, et peuvent ainsi apprendre des erreurs des autres. Celui qui veut écrire un bon certificat, devrait d’une part recourir aux constructions classiques et y inclure les informations de bases mentionnées plus haut. Mais il doit également avoir le courage d’éviter les figures de style inutiles qu’on rencontre malheureusement encore trop souvent.

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Texte: Toni Nadig

Toni Nadig a étudié la psychologie du travail à l’Université de Fribourg puis la neuropsychologie à l’Université de Tübingen en Allemagne. Il dispose de plus de 20 ans d’expérience dans le domaine des ressources humaines, notamment dans le secteur des services. En mars 2005, il a fondé Dr. Nadig Consulting. 

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Marc Benninger est le rédacteur en chef de la version française de HR Today depuis 2006.

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