Un tiers des entreprises suisses manquent de talents
Un tiers des entreprises suisses sont affectées par la pénurie de talents, selon la dernière enquête annuelle ad hoc de Manpower. Pourtant, 41% d'entre elles ne mettent en place aucune stratégie spécifique pour renverser la vapeur.
L'enquête met le doigt sur un rebond (de 59% l'an dernier à 65% cette année) des patrons estimant que la pénurie de talents a un impact sur leur capacité à satisfaire la clientèle. Photo: 123RF
Conduite pour la neuvième fois, l'étude a porté durant le premier trimestre 2014 sur 37'436 sociétés situées dans 42 pays et territoires, dont 752 en Suisse. A l'échelle mondiale, 36% des employeurs rencontrent des difficultés à pourvoir des postes vacants, ce qui constitue le pourcentage le plus élevé depuis sept ans.
En terres helvétiques, la part des patrons concernés par ce phénomène est certes en baisse de 4 points (à 33%) par rapport à 2013. Par contre, l'enquête met le doigt sur un rebond (de 59% l'an dernier à 65% cette année) des patrons estimant que la pénurie de talents a un impact sur leur capacité à satisfaire la clientèle. Ils sont par ailleurs 56% à juger qu'elle a des conséquences négatives sur la compétitivité et la productivité, alors que 48% d'entre eux signalent une baisse du moral et de la motivation de leurs employés.
Les raisons majeures évoquées par les entreprises suisses pour expliquer leur peine à recruter du personnel qualifié sont: 1. le manque de compétences techniques (36%), 2. l'absence de qualification ou de certification liée au secteur (30%), 3. le manque ou l'absence de candidats disponibles (27%).
Le rôle des RH
Alors que plus de quatre patrons helvétiques sur dix affirment ne pas disposer de stratégie particulière pour pallier ces difficultés, ils ne restent pas pour autant les bras croisés. Plus d'un tiers d'entre eux mettent sur pied des modèles alternatifs d'organisation du travail. Ils révisent par exemple les modalités de fonctionnement ou partagent les tâches entre plusieurs collaborateurs. Ils sont par ailleurs 17% à recourir à des stratégies de ressources humaines, notamment l'organisation de programmes de développement et de formation des effectifs existants.
Comment les RH peuvent-elles contribuer à résorber le phénomène de pénurie de talents? Selon le livre blanc de Manpower, leur rôle doit être envisagé autour de trois axes majeurs. Premièrement, les spécialistes des ressources humaines doivent se muer en experts de l'offre et de la demande, assurant à leur employeur un mix optimal de compétences. Deuxièmement, ils doivent devenir des spécialistes du marketing et réfléchir à la façon dont la marque, les messages et l'image de l'entreprise peuvent l'aider à trouver le personnel nécessaire. Enfin, ils doivent jouer le rôle de concepteurs, en réinventant des modèles attractifs d'organisation du travail.
Les dix professions les plus recherchées en Suisse
1. Les ouvriers qualifiés occupent la première place du classement de Manpower pour la cinquième année consécutive.
2. Les cadres et dirigeants d'entreprise arrivent deuxièmes pour la seconde année de suite.
3. Disparus du classement depuis 2012, les techniciens font leur retour à la troisième place.
4. Comme en 2013, le personnel comptabilité et finance est quatrième.
5. Les chauffeurs remontent de quatre places, atteignant le cinquième rang.
6. Les représentants de commerce, qui ne figuraient pas dans le classement en 2013, sont sixièmes.
7. Le personnel hôtellerie et restauration remonte d'une place par rapport à l'an dernier, au septième rang.
8. En recul de cinq places, les secrétaires, assistants personnels, assistants administratifs et personnel de bureau sont huitièmes.
9. Neuvièmes, les ingénieurs décrochent de deux rangs.
10. Les chefs de projets sont dixièmes, alors qu'ils ne figuraient plus au classement depuis 2010.