L'écosystème de la santé au travail

Cartographie des enjeux de la santé au travail et des clés pour passer à l'action

David Grandjean est responsable de la sensibilisation et diffusion de la gestion de la santé en entreprise chez Promotion Santé Suisse, dont HR Today est partenaire. Il analyse ici les enjeux de la santé au travail et donne ses conseils pour initier des premières mesures.

Top management et culture

«La première étape est de sensibiliser le top management. Sans le soutien de la direction générale, c’est difficile de mettre des choses en place sur la durée. La santé au travail doit être dans l’ADN de la culture d’entreprise. Le rôle des managers est très important. Aujourd’hui, le manager doit être à l’écoute, avec une posture de coach et d’accompagnant. Les managers sont en première ligne, d’où l’importance de les sensibiliser à ces enjeux. Ce sont souvent eux qui perçoivent les signes avant-coureurs d’une situation problématique.»

Petites et grandes entreprises

«Nous constatons des disparités entre les grandes entreprises et les PME. Les grandes structures sont plus matures, avec des investissements réalisés depuis des années. Cette professionnalisation s’explique par les moyens plus conséquents à disposition. Les grandes entreprises doivent aussi soigner leur l’attractivité et faire envie aux candidats de les rejoindre. Cela passe par un climat de travail agréable, un management bienveillant, des collaborateurs plus productifs et mieux dans leurs baskets. C’est d’autant plus important pour les nouvelles générations.»

Le rôle clé du patron de PME

«Les PME ont moins de ressources et moins de temps. C’est souvent le patron qui va donner l’impulsion. Un dirigeant à la fibre humaine, avec un rapport très proche avec ses employés, fera de la GSE sans s’en rendre compte. Mais la priorité d’un patron de PME reste le chiffre d’affaires et la pérennité de son entreprise. Nous constatons toutefois une évolution positive et une professionnalisation de la GSE aussi dans les PME.»

Les assureurs et la prévention

«Les acteurs majeurs de la prévention sont la SUVA (entreprise à but non lucratif qui assure près de 2 millions de travailleurs en Suisse contre les accidents et les maladies professionnelles, ndlr), le BPA (Bureau de prévention des accidents, ndlr) et les assurances maladies. À noter que Promotion Santé Suisse est aussi financée en partie par les assurances maladie. Elles ont toutes un intérêt à réduire les primes de leurs clients. Les actions de GSE qui réduisent le taux d’absentéisme ont un impact direct sur les primes.»

Promotion Santé Suisse

«La mission principale de Promotion Santé Suisse est de sensibiliser les entreprises à ces enjeux de santé au travail. Nous organisons des événements pendant l’année à travers toute la Suisse et le Congrès GSE à Berne, ainsi que des campagnes print et digitales. Nous mettons aussi en avant la communauté de 100 entreprisses labelisées «Friendly Work Space», qui représentent l’excellence en termes de santé en entreprise. Ce sont aussi des ambassadeurs pour faire croître la santé en entreprise. Enfin, nous participons activement à la création de différents Forum GSE dans toute la Suisse.»

Conseillers accrédités

«Nous disposons d’une centaine de conseillers·ères accrédités·es. Ils ou elles connaissent nos outils et peuvent accompagner les entreprises pour la mise en œuvre. Cela va d’un mandat d’une après-midi à un accompagnement sur plusieurs mois. Nous avons mis en place un système de financement partiel pour aider les entreprises qui souhaitent mettre quelque chose en place. Ce soutien financier est réservé actuellement aux PME. Nous proposons aussi une série de formations, notamment sur le Job-Stress-Analysis et sur la GSE en général. Ces formations sont accessibles en Suisse alémanique et en Suisse romande et leur coût varie entre CHF 900.- et 2000.-.»

Sondage

«Pour les entreprises de plus de 50 collaborateurs, nous recommandons de faire en premier lieu un état des lieux avec Job-Stress-Analysis. Il est possible de le faire tout seul et de se former en conséquence ou de se faire accompagner par un de nos conseillers. Le sondage est anonyme et coûte CHF 5.80 par employé. Il donne une bonne image de l’état de santé psychique des collaborateurs et de l’équilibre entre les contraintes et les ressources à dispositions. Cette mesure permet aussi de différencier chaque département. Le cas échéant, c’est un moyen d’alerter un chef d’unité qu’il y a un souci. L’outil est aussi accompagné d’un benchmark, avec plus de 5000 entreprises.»

Case managers et label

«Avec cet état des lieux, la direction dispose de beaucoup plus de clarté sur les actions à entreprendre. Si des situations à risques ont été identifiées, nous conseillons de mettre en place un case management sans attendre. L’étape suivante serait d’obtenir le label «Friendly Work Space». Aujourd’hui, ce sont surtout les grandes entreprises qui s’engagent dans cette voie. C’est la Champions League des labels sur la qualité de vie au travail. Si vous n’avez pas les ressources nécessaires à l’interne, il est possible d’utiliser les critères du label pour s’orienter. Cela permet également de réaliser le chemin encore à parcourir. Pour la mise en œuvre, nous recommandons de se faire accompagner par un·e conseiller·ère en GSE.»

Leadership KIT et HR-Toolbox

«Ces nouveaux outils sont destinés aux PME et aux responsables de département et n’ont pas de lien avec le label. C’est une boîte à outils pour commencer à mettre en place des choses intéressantes sans forcément tout systématiser et professionnaliser. Ils sont totalement gratuits et permettent de faire de la GSE à un niveau respectable. Il s’agit d’une excellente opportunité pour tous les patrons de PME qui souhaitent s’engager et se structurer dans une dynamique GSE.»

Les jeunes et la santé au travail

«Un dernier mot sur les nouvelles générations. Selon les statistiques suisses, ce sont les jeunes entre 16 et 24 ans qui sont les plus sensibles à ces enjeux de santé. Ces nouvelles générations sont au-dessus des 30% en zone sensible en termes de différence de ressources et contraintes. C’est pourquoi nous avons développé l’outil Apprentice, destiné aux maîtres d’apprentissage et aux apprenants afin de les accompagner dans le soutien des jeunes générations qui seront nos talents de demain.»

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Marc Benninger est le rédacteur en chef de la version française de HR Today depuis 2006.

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