De l'importance des rituels communs
Aperçu de quelques techniques pour transformer les expériences en connaissances durables et stimuler le sentiment d'appartenance et la culture du dialogue.
Photo: Andrew Moca / Unsplash
L’émergence du télétravail et l’individualisation des rapports de travail ont transformé notre façon d’aborder les activités professionnelles. Ces changements peuvent parfois engendrer des effets néfastes, tels que l’isolement, la baisse de motivation et la perte de cohésion au sein des équipes. Comment surmonter ces défis afin de favoriser une dynamique collective et un environnement épanouissant en entreprise?
Cristallisation des apprentissages
Pour encourager l’acquisition de nouvelles connaissances en équipe et créer une dynamique collective, l’entreprise peut mettre en place un processus de cristallisation des apprentissages. Par cristallisation, nous entendons le fait de transformer les expériences en connaissances durables et transférables. Cela permettra de renforcer le sentiment d’appartenance à l’entreprise et de stimuler l’innovation. Afin de mettre cela en pratique, l’entreprise doit favoriser les échanges entre les membres de l’équipe et inviter ses collaborateurs à faire part de leurs expériences. À titre d’exemple, au sein du programme Team Academy, chaque équipe réalise deux sessions de dialogue de trois heures par semaine durant lesquelles les collaborateurs partagent les apprentissages tirés d’une formation, d’une situation vécue dans un projet ou un mandat ou toutes autres situations apprenantes qui permettent aux autres collaborateurs d’apprendre et d’évoluer. Finalement, une personne occupant le rôle de «Knowledge Manager» est essentielle afin de centraliser tous ces apprentissages en ligne et les mettre à disposition des employés.
Vision et rituels communs
Peter Senge, auteur connu dans le monde de l’organisation apprenante, est partisan de cinq disciplines pour rendre une équipe efficace dans ses apprentissages, donc son succès. L’une d’entre elles est notamment d’avoir une vision partagée, un but commun, qui pourra créer une image claire et inspirante de l’avenir que l’organisation souhaite créer. Pour atteindre cela, il est nécessaire que chaque membre de l’équipe, quelle que soit sa position hiérarchique, connaisse parfaitement la vision de l’entreprise. Concrètement, il est recommandé de régulièrement répéter la vision en équipe. De plus, il est très efficace d’allier chaque objectif (individuel ou de groupe) à la vision, ou à une partie de celle-ci.
Dans cet univers, il existe plusieurs compétences, dites du 21ème siècle, qui optimisent les forces collectives. Parmi elles, les rituels de communication sont essentiels. Par exemple, il est ancré dans la culture Team Academy de commencer les réunions par un check-in. Chacun présente son état émotionnel. Cela brise la glace et crée un cadre bienveillant, des conditions sine qua non pour protéger la santé du groupe et créer une participation accrue.
Culture du dialogue
L’individualisation et le télétravail peuvent faire naître des non-dits au sein de l’entreprise. Selon la pyramide de Patrick Lencioni (voir son livre: Optimisez votre équipe, éd. Un Monde différent, 2005, 240 pages), une équipe doit être en mesure de surmonter l’étape de non-dits afin de s’élever vers le niveau de performance souhaité. Il est nécessaire de cadrer la communication entre les collaborateurs en définissant une culture du dialogue explicite pour favoriser la résolution de conflits, mais également faciliter le transfert d’informations et la prise de décisions. Dans le cadre de nos échanges académiques, nous utilisons l’outil de diamant du dialogue. Schématiquement, la théorie consiste en une divergence puis convergence des idées afin de générer un consensus.
Explorer toutes les possibilités
Concrètement, il est essentiel d’explorer toutes les possibilités au travers de questions ouvertes tout en encourageant la participation de tous. L’entreprise peut nommer un gardien de la parole, soit un observateur intervenant à tout moment. Cette personne devient responsable de l’équilibre des opinions au sein du groupe. Dans notre cursus, ce rôle nous permet de porter un regard critique et donc d’améliorer la culture du dialogue. Ensuite, considérant que les divers points de vue sont recueillis selon le principe d’écoute active, le diamant du dialogue exige une phase d’approfondissement. Cette étape encourage les collaborateurs à exprimer l’origine de leurs opinions. Enfin, les informations recueillies permettent de converger vers un plan d’action qui sera activé à l’échelle du collectif et de chaque individu. L’entretien d’une culture du dialogue demeure finalement facilité lorsqu’une communication non-violente gravitant autour des besoins de chacun est utilisée.