D’un DRH à l’autre

Quels enseignements tirez-vous des pratiques de temps partiel dans votre organisation?

Gisela Bormann: Il faut dire d’abord que le temps partiel existe depuis longtemps chez ABB Sécheron à Genève. J’ai rejoint cette entreprise il y a quinze ans et la pratique existait déjà. Le modèle s’est pourtant bien développé ces dernières années.

La première catégorie concerne des postes qui n’impliquent pas un travail à temps plein. Dans ces cas, le temps partiel permet d’adapter les horaires à la charge de travail et il répond donc à un besoin de l’entreprise. La deuxième catégorie de temps réduit concerne les personnes qui travaillent à 100 pour cent et qui souhaitent réduire à 80 pour cent, en prenant un jour de congé par semaine. Ces demandes peuvent apparaître lors des recrutements ou lorsqu'arrive une nouvelle charge familiale par exemple. Nous analysons la situation, et si le poste permet cette réduction, nous entrons en matière. Nous venons par exemple de recruter un collaborateur dans la R&D à 80 pour cent.

Quels sont les avantages? Avec la pénurie de main-d’œuvre qualifiée qui s’annonce, les entreprises doivent faire preuve de plus de flexibilité par rapport aux attentes de leurs collaborateurs. Nous avons également sou- vent entendu, et je le constate moi-même chez nous, que les personnes actives à temps partiel sont très engagées. Ces personnes ont en général des engagements hors du travail et sont donc obligées d’être efficaces.

Parmi les réticences, elles viennent parfois de l’organisation. Les responsables peuvent estimer que plusieurs temps partiels deviennent trop difficiles à gérer. Dans mon équipe, la majorité des personnes travaillent à temps partiel et cela ne pose aucun problème. Nous sommes bien organisés et nous avons bloqué un jour par semaine, le jeudi, durant lequel tout le monde doit être au bureau.

Le temps partiel est-il en vigueur dans tous les départements de notre organisation? Oui, sauf pour la production, où la majorité des collaborateurs travaillent en équipe. Le travail en équipe ne permet en effet que très difficilement le temps partiel.

Les difficultés à surmonter? Il faut surtout faire évoluer les mentalités. Je me souviens d’un cadre qui avait des responsabilités d’un degré relativement important et qui est passé de 100 à 80 pour cent. Au début, il a eu de la peine à faire respecter son jour de congé notamment par ses interlocuteurs externes ou des collègues d’unités

ABB dans d’autres pays qui le contactaient aussi pendant son jour de congé. Après un certain temps, ses horaires de travail ont néanmoins été respectés. Quelques réticences peuvent encore exister, mais nous pensons que le temps partiel a des effets positifs sur notre attractivité en tant qu’employeur.