Gérer les crises existentielles durant la jeunesse

Pour les jeunes, le passage de l’école à la vie professionnelle est souvent un saut dans le vide. Ils sont confrontés à des exigences qui ne correspondent pas à leur niveau de maturité sociale, ce qui génère du stress. Celui-ci est très répandu parmi les adolescent-e-s: selon une étude de l’Unicef auprès de 1097 adolescent-e-s entre 14 et 19 ans, près de 37 pour cent d’entre eux souffrent de problèmes psychiques et 17 pour cent d’anxiété et de dépression. Selon le Job Stress Index de Promotion Santé Suisse, 30 à 40 pour cent des 16-24 ans sont tellement stressé-e-s que cela affecte leur santé et leur productivité. Une étude de R.C. Kessler et al. (2005) montre que plus de la moitié des problématiques psychiques apparaissent avant la 15ème année de vie. Cela se répercute aussi sur les entreprises: selon l’enquête de l’Office fédéral de la statistique sur la population active, près de 20 pour cent des contrats d’apprentissage sont résiliés prématurément, notamment en raison de problématiques psychiques.

Avec l’offre «Apprentice», Promotion Santé Suisse soutient les responsables de la formation professionnelle dans la promotion de la santé psychique des apprenti-e-s. Des exemples, des informations et des conseils pratiques facilitent un développement sain en fonction de l’âge, la création du lien de confiance et le développement de l’estime de soi et du sens des responsabilités.
Cela permet aux travailleuses et aux travailleurs de demain de prendre un bon départ et de rester en bonne santé sur le long terme (voir encadré).

Helsana: certifiée «Friendly Work Space» depuis 2012

L’assurance Helsana, aussi, se soucie du bienêtre des adolescent-e-s. Elle accueille environ 80 apprenti-e-s pour près de 3450 collaboratrices et collaborateurs. L’entreprise, certifiée depuis 2012, a passé avec succès le troisième re-assessment pour le label «Friendly Work Space» de Promotion Santé Suisse en octobre 2021. Pascale Ingold, spécialiste Health & Diversity Management, est consciente de la difficulté que représente le passage de l’école à la vie professionnelle pour les adolescent-e-s, mais perçoit leur état de santé comme «globalement bon» au vu des différents sondages et des retours des responsables de formation. L’assurance soutient activement la santé psychique des adolescent-e-s: «nous sensibilisons actuellement l’ensemble de notre personnel aux questions de santé psychique, en informant sur les aspects importants pour rester en bonne santé psychique et sur la marge de manoeuvre individuelle», explique-t-elle.

Les apprenti-e-s sont par ailleurs informé-e-s dès le départ des offres que Helsana met à disposition pour promouvoir la santé psychique: par exemple des cours, du matériel d’information, des workshops, un coaching individuel ou des services de conseil externes. «De plus, nous abordons le thème du stress au travail.» Au cours de la deuxième année d’apprentissage, Helsana transmet des connaissances et des compétences aux apprenti-e-s sur la santé psychique et la gestion du stress. Selon Pascale Ingold, briser le tabou des problématiques psychiques au travail est très important «pour permettre aux apprentis de solliciter rapidement de l’aide en cas de besoin.»

Helsana tient compte des besoins des jeunes professionnel-le-s de demain en aménageant leur place de travail proche de celle de leur responsable de formation, malgré la pratique usuelle du job sharing. «Cela renforce la continuité et la stabilité pour les adolescent-e-s, ainsi qu’un meilleur échange avec leur responsable de formation, ce qui est particulièrement important en début d’apprentissage.» Il est nécessaire de bien encadrer le télétravail pour les apprenti-e-s. Raison pour laquelle ce n’est que dès la deuxième année que certaines tâches peuvent être accomplies depuis la maison, «en accord avec la ou le responsable de formation.» Le télétravail amène moins de contacts sociaux, rend la communication plus difficile à organiser et nécessite une plus grande autogestion, souvent encore peu développée chez les adolescent- e-s avec peu d’expérience professionnelle.

Selon Ingold, la réduction du stress concerne aussi l’usage des réseaux sociaux, qui est régi par un code du comportement chez Helsana: «Les apprenti-e-s doivent prendre conscience de leur responsabilité et apprendre à en faire un usage sain.» Lorsque l’on est constamment bombardé-e d’informations, une courte pause sans écran peut faire des miracles. «Afin que les adolescent-e-s puissent se tenir à ces consignes, les personnes de référence sur le lieu de travail doivent montrer l‘exemple.»

Conditions de travail et comportements de santé

Selon Pascale Ingold, l’approche de Helsana correspond à celle de Promotion Santé Suisse. «Nous mettons également l’accent sur une conduite saine des apprentis, la prévention et détection précoce des problèmes, ainsi que les tâches visant à développer la confiance en soi et le sens des responsabilités chez les adolescent-e-s.» Quelle que soit l’approche qu’une entreprise choisit, Ingold identifie trois facteurs décisifs pour la santé des adolescent-e-s: «Des conditions de travail saines, le renforcement des compétences de santé individuelles et la détection précoce, ainsi que le soutien au démarrage de la vie professionnelle ou en cas de problèmes.»