Le coaching avec les chevaux connaît un nouvel élan en Suisse romande

«Une sacrée expérience! La rencontre a été magnifique. Au début j'étais très angoissée. Mais je me suis retrouvée nez à nez avec mon cheval et nous nous sommes littéralement respirés en silence pendant une vingtaine de minutes. Le temps de s'accorder et de créer les bases de notre relation.» Le témoignage est de Geneviève Morand, créatrice du réseau professionnel Rezonance. Très marquée par cette rencontre, elle a participé à la réalisation d'un court-métrage cet été sur le «horse coaching».

Une première en Suisse romande, qui doit marquer le lancement d'un nouveau centre de formation au «leadership authentique et au partenariat» qui s'appuie sur l'interaction entre les personnes et les chevaux. Cette nouvelle offre a été inaugurée début 2010 en partenariat avec l'Institution de Lavigny (canton de Vaud). D'autres formules existent déjà en Suisse romande mais la société Equites Sàrl, créée en août dernier par Laurent et Valérie Schütz avec le consultant Daniel Held, sera la plus importante de Suisse romande. En raison de l'expérience confirmée du couple Schütz (créateurs de la méthode Equites avec déjà cinq ans de «horse coaching» à leur actif) et puisqu'une douzaine de chevaux spécialement formés seront disponibles. En plus d'un accès privilégié au manège, le centre bénéficiera de deux salles de cours et d'un espace restauration pour accueillir des séminaires de formation en management de haut niveau.

Le coaching avec les chevaux met le doigt sur des émotions fortes

Le grand avantage de cette méthode est la relation d'authenticité qui se crée avec un cheval. Valérie Schütz explique: «Le cheval ne connaît pas les diplômes universitaires et les rangs hiérarchiques. Il vous répondra toujours de manière authentique. Il n'y a donc pas de dérobade possible.» Cette authenticité permet de gagner beaucoup de temps, assure Daniel Held, directeur de PI Management: «Après 25 ans d'activité dans le milieu RH de Suisse romande, je constate que l'impact des formations et des coachings classiques reste limité. Les méthodes traditionnelles s'appuient souvent trop sur le côté cognitif et intellectuel. Mais elles peinent à faire évoluer la relation et la posture des managers.»

On l'a compris, le coaching avec les chevaux met le doigt sur des émotions fortes. Le risque n'est-il pas de tomber dans la thérapie? Laurent Schütz assure que non. «Nous sommes vraiment dans une approche de business coaching. Nous fixons des objectifs en amont. Ce qui permet d'établir un cadre clair. Le cheval permet de déceler des émotions et des ressentis qui font ensuite appel aux comportements et aux raisonnements connus. C'est par ce biais que nous sommes en mesure de travailler sur les compétences managériales de nos coachés». Geneviève Morand est encore plus catégorique: «Ce n'est pas un gadget! Comme le langage oral n'est pas possible, cela oblige à aller au cœur de la relation. Ce qui permet de réfléchir à plein de choses qu'on ne perçoit pas dans les jeux de rôles habituels.»

Le défi est toujours de réussir à créer une relation avec son équipe

Mais peut-on vraiment transposer les leçons apprises avec un cheval à ses collaborateurs? «Bien sûr», estime Christa Muth, professeure à la HEIG-VD à Yverdon et initiatrice du Master en Human Systems Engeneering, et qui a également participé au court-métrage du centre Equites. «Le cheval est un athlète du mésencéphale. Cette partie de notre cerveau qui gère les émotions, la coloration et la température que nous percevons dans la vie. L'être humain rationalise beaucoup plus. Mais le cheval ne connaît pas ce décalage entre ce que l'on ressent et ce que l'on pense.» Daniel Held avance un autre argument: «C'est beaucoup plus facile d'accepter une remise en question quand c'est un cheval qui vous la communique. C'est moins évident si c'est votre supérieur hiérarchique, votre coach ou votre  épouse ...». Laurent Schütz complète: «Les chevaux ont appris à se positionner dans la relation avec l'être humain. Il est donc possible de qualifier le cheval comme un interlocuteur. Sur le terrain, vous êtes en mesure de déléguer au cheval la responsabilité d'avancer, de trotter ou de franchir un obstacle. C'est exactement la même chose dans une entreprise. Le défi est toujours de réussir à créer une relation avec son équipe, de déléguer une responsabilité pour que le team franchisse lui-même les obstacles.»

Et qu'en est-il du risque encouru d'entrer dans un manège avec des chevaux très puissants et qui pèsent plusieurs centaines de kilos? Laurent Schütz répond: «Il n'y a jamais de risque zéro, mais tous nos chevaux ont été sélectionnés et formés pour ce travail. Ils savent maîtriser le stress qu'un manager est en mesure de leur imposer. Je répète aussi que cette méthode est basée sur la relation. On apprend à lire ce qui se passe dans la tête d'un cheval et à l'interpréter.» Les risques? La question fait bondir Geneviève Morand: «Bien sûr que vous prenez un risque... Avec un cheval, il n'y a pas de posture neutre possible. Le plus gros risque, c'est que le cheval te dise des choses que personne n'a osé te dire avant!»