Jobsharing

Le potentiel novateur du job et top sharing

Digitalisation des flux d’information, flexibilité du temps de travail, télétravail, crowd working, travail horizontal par réseaux numériques et intelligence collective: ces nouvelles tendances forment ce que l’on nomme le Travail 4.0. Le jobsharing s’inscrit dans cette évolution. 
Le jobsharing est un modèle de travail innovant tant pour l’employeur que l’employé. Il consiste en deux (ou plusieurs) employés qui se partagent un poste à temps plein avec des tâches interdépendantes et une responsabilité commune. Les duos forment un binôme professionnel, une mini-équipe aux rôles interchangeables, dont seul le résultat commun est évalué. Le jobsharing est à la fois un arrangement qui offre à l’employeur la garantie de l’occupation d’un poste à temps complet et un arrangement particulier de temps partiel pour l’employé. Il permet aussi à celles et ceux intéressés par une activité à temps partiel de pouvoir occuper un poste à responsabilité tout en menant d’autres activités en parallèle. On parle même de top sharing, type particulier du jobsharing où le partage d’emploi se fait dans des positions à haute responsabilité, incluant la gestion de collaborateurs (voir guide pratique PTO 2015, www.go-for-jobsharing.ch).
 

Les technologies de l’information au service du jobsharing

Le potentiel sur le marché du travail en Suisse pour appliquer le partage d’emploi est particulièrement important, comparé à d’autres pays européens. Plus d’un tiers des actifs travaillent à temps réduit et en grande majorité de manière volontaire. Le niveau généralement élevé de salaires permet à de nombreuses personnes bien formées de travailler à un taux autre que 100 %. 62 % des femmes de formation universitaire, mère d’un enfant au moins, travaillent aujourd’hui à temps réduit (OFS, 2015).
 
Ce type d’activité à temps partiel peut toutefois les confiner dans des postes de travail peu attractifs. Introduit pour la première fois il y a 40 ans aux Etats-Unis, le jobsharing se développe aujourd’hui plus rapidement dans de nombreux secteurs économiques grâce aux technologies de l’information qui permettent d’accroître les flux de communication entre job sharers, condition sine qua non pour assurer un bon suivi des dossiers ou tâches et pour préserver une meilleure productivité.
 
Actuellement, on compte en Suisse environ 27 % de firmes qui ont des postes en jobsharing, dont un quart dans des positions de cadres (étude FHNW 2014 sur mandat de PTO). C’est dans les administrations publiques et dans le secteur des services financiers et assurances que le jobsharing est le plus pratiqué. Il est présent globalement dans un quart du secteur privé. Ces chiffres illustrent l’importance croissante de cette forme de répartition du travail au cours de ces dernières années.
 

Retenir les talents, un objectif central

Les entreprises suisses tendent à s’intéresser de plus en plus à ce modèle car la part de leurs employés à temps partiel prend des proportions en constante augmentation. Afin de retenir les talents, les employeurs responsables proposent désormais activement des modèles de partage d’emploi pour rester attractifs face à la concurrence. La rétention de talents devient une nécessité majeure pour les responsables en ressources humaines et le management. Perdre une femme hautement qualifiée après une dizaine d’années d’activité professionnelle, lorsqu’elle attend son premier enfant et souhaite réduire son volume d’activité, survient toujours plus fréquemment lorsque l’entreprise ne peut offrir un temps partiel combiné avec un poste à responsabilité. Face à de telles situations, le job ou top sharing est une solution particulièrement intéressante.
 
Reste toutefois encore régulièrement un écueil majeur: comment trouver rapidement une ou un partenaire professionnel au sein de l’entreprise concernée? C’est cette difficulté qui incite à la création de plateformes de mise en partenariat (voir l’encadré en page 24).
 
Mais de telles solutions virtuelles n’excluent en aucun cas des formules ancrées dans le monde réel, telles que les cafés emploi jobsharing. Ce genre de rencontres qui permettent aux intéressés de rencontrer une ou un partenaire professionnel ont d’ailleurs le vent en poupe. A preuve: une récente édition d’un tel café à Fribourg a accueilli plus de 80 participants dont une cinquantaine de personnes à la recherche d’un ou d’une partenaire. Le concept est attrayant et les co-working spaces ou innovation lab sont des lieux propices pour les accueillir.
 

Attentes des générations Y et Z

Les exigences des employés sur le marché de l’emploi évoluent elles aussi. Les attentes particulières des générations Y et Z vont pousser les entreprises à présenter des offres de travail plus attractives pour améliorer leur positionnement et leur réputation face à la concurrence. Les postes en jobsharing et en topsharing en font clairement partie.
 
Intéressées par un équilibre vie professionnelle et privée, ces générations sont attirées par ces formes flexibles d’emploi. Les jeunes sont pleinement conscients du fait que ces nouvelles solutions leur permettent d’occuper un poste intéressant, tout en travaillant à temps partiel. Ces générations nées ou ayant grandi dans un monde entièrement virtuel (digital natives), sont aussi très actives dans l’économie collaborative, communément appelée sharing economy. Ce concept regroupe les nouvelles formes de plateformes virtuelles qui visent à produire de la valeur en commun. Elles se fondent sur une organisation plus horizontale du travail, sur la mise en commun d’espaces et sur l’organisation de citoyens-producteurs en réseaux ou communautés.
 
Cette mouvance est d’autant plus importante que les processus internes au sein des entreprises deviennent de plus en plus digitaux. Ces développements permettent progressivement d’instaurer de nouvelles formes de travail de type Industrie ou Travail 4.0 en lien avec la 4e révolution industrielle, c’est-à-dire avec la digitalisation des facteurs de production et du marché du travail. Pour un grand nombre d’employés, travailler dans des environnements souples et ouverts à l’innovation permet d’être actifs dans d’autres domaines professionnels, voire d’entamer, en parallèle, une carrière d’indépendant. Travailler avec plusieurs casquettes ou occuper des emplois divers tend à devenir toujours plus fréquent. Les partisans de ces doubles ou multiples carrières en parallèle sont appelés les «slash careers», un concept introduit aux Etats-Unis en 2007 par la chercheuse américaine Marci Alboher.
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Irenka Krone-Germann est co-fondatrice de l’Association PTO, www.go-for-jobsharing.ch
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Anne Aymone de Chambrier est co-fondatrice de l’Association PTO, www.go-for-jobsharing.ch
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