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Le pouvoir au féminin pluriel
Maxime Morand. Photos: Oivier Vogelsang/disvoir.net
Imaginez ma chance de formateur. Une journée entière avec 8 – 10 femmes pour travailler la notion de «pouvoir». Dans le cadre de la formation PACTE pour les POTENTI«ELLES», je suis au service de quelques jeunes femmes afin de les aider à faire grandir leur envie d’exercer le pouvoir. D’abord un café en commun pour s’apprivoiser. Je ne peux pas m’empêcher de faire un tour de piste en demandant à chacune: le mot «pouvoir», quelle résonnance en vous? Comme j’ai trois expériences d’une journée de formation, grosso modo, les réponses tournent autour de: domination, supervision, avoir la barre sur, se mettre en avant. A quelques nuances de gris près, j’essaye de les inviter à donner de la couleur à ces mots. Le rouge et le noir sont souvent au rendez-vous! Le pouvoir comme agressivité manifestée et ombre portée?
Un net avantage m’est donné d’emblée. Je suis le seul mâle, possiblement senior. Donc apparemment zéro danger d’interférences, même si court dans la malice de mes yeux que l’intelligence est aussi d’essence aphrodisiaque. Elles s’expriment ouvertement sans détours. Que du bonheur! Petit à petit, nous épurons la notion de pouvoir. L’autorité c’est quoi, finalement? Décider, organiser, guider, montrer l’exemple, etc. Je finis par pousser à aller à l’essentiel: une mère et un père font quoi, en premier, vis-à-vis de leur enfant? Nourrir, éduquer, donner de la sécurité s’inscrivent sur les flip-charts. Enfin, une participante se permet de lancer: en premier, les parents font naître cet enfant! Oui, la racine du mot autorité c’est: en- gendrer. Faire devenir l’autre «auteur», pardon «autrice» de son projet, de ses décisions, de sa vie. «Augmenter» la densité de l’autre pour que celui-ci, celle-ci devienne plus lui-même, elle- même. Exemples à l’appui: lorsque je revisite mon parcours de vie, je note et visualise les per- sonnes qui m’ont fait devenir «plus» moi-même. Donc, le pouvoir à exercer n’est pas tellement un positionnement supérieur, mais une réelle capacité à faire grandir, devenir plus, les colla- boratrices et collaborateurs qui me sont confié(e)s.
Cette étape passée, je finis par aller chercher de la ressource dans ma bibliothèque mentale. J’ose leur partager que, dans le Nouveau Testament, le mot pouvoir recouvre deux expressions. Exousia: rayonnement, plénitude de vie exprimée et dunameis: dynamique, mouvement de mise en œuvre, réalisation. Quittons donc la domination et osons le rayonnement personnel et la courroie dynamique de l’accomplissement dans la réalité. Laver les toxines du faux pouvoir pour installer la tonicité du vrai pouvoir. La journée s’achève sur deux considérations: pour fonder l’aura de mon vrai pouvoir, il est nécessaire d’avoir un sanctuaire personnel dans lequel je me re-cueille, je me source et me ressource, je me fonde en moi même. Et puis, il faut se rêver «réussie». Si mon cerveau me voit belle dans la réussite de mon leadership, mon cerveau, en- traîné à cette beauté, me conduira avec assurance dans tous les jeux du pouvoir. Fussent-ils au masculin et au félin pluriels!