"Le travail, c’est avant tout une envie de faire bouger les choses"
Gaétan Morel, 28 ans, sociologue. Tous droits réservés.
«Ne pas perdre sa vie à la gagner». Ce slogan de mai 68, Gaétan Morel la fait sienne depuis longtemps. Un peu par provocation. Il sait pertinemment que la première réaction sera de lui apposer le sceau du doux rêveur dénué d'ambition. Méprise. Doté d'un bon bagage universitaire, une licence en sociologie doublée d'un DESS en «globalisation et régulation sociale» en poche, il frise le stakhanovisme. Autant dans ses activités professionnelles que de bénévolats. Durant ses six années d'études, il a passé plus de temps à bosser qu'à étudier. Ce qui ne l'a pas empêché de réussir brillamment son cursus universitaire. Deux tiers de son temps étaient dévolus à des associations dont un engagement payé à la permanence du GSsA (Groupe pour une Suisse sans armée). Comme bénévole, il assume aussi la gestion d'un magasin de commerce équitable. «Pour moi, la notion de travail n'est pas obligatoirement liée au versement d'un salaire. C'est une source de revenu certes, mais c'est avant tout une envie de faire bouger les choses». Il met autant d'ardeur et de plaisir - une notion importante - dans un travail bénévole que dans un emploi rémunéré. La raison? Par idéalisme. Il a une vision quasi militante du travail. «Je ne me lève pas le matin en me disant «je vais au travail». Je me lève pour pratiquer une activité qui me plaît et qui est en adéquation avec mes idéaux. C'est une liberté, un choix de vie». Un choix qui implique inévitablement des sacrifices. «Ne pas m'acheter le dernier téléphone à la mode n'est pas une privation». Cette imbrication forte entre travail et bénévolat rejaillit sur sa vie privée et professionnelle. Chez lui, la frontière est tenue. «Si je reste à Genève pour les vacances, je vais de tout de manière profiter de mes journées pour m'occuper d'un dossier ou passer au magasin. Dans une association, il y a toujours quelque chose à faire».