Innovation par le bas

Quatre inventions venues d'en bas

Nouveau produit ou service, économie d'échelle ou suggestion pour augmenter les ventes: voici quatre histoires qui ont plus ou moins bien tourné pour leurs concepteurs.

Le Selfie Stick de Minolta

L’histoire retiendra que l’inventeur du Selfie Stick est le Canadien Wayne Fromm. Ce dernier déposa le brevet du premier Selfie Stick (qu’il nomma Quick Pod) en 2005, deux ans avant le lancement du premier iPhone. En réalité, le premier Selfie Stick a été inventé par Hiroshi Ueda, un ingénieur japonais travaillant pour la marque Minolta (appareils de photo). En vacances en famille à Paris dans les années 1980, ce cadre de la société japonaise a demandé à un passant de le prendre en photo, avec sa famille. Réalisant que l’appareil qui lui a été tendu était de grande valeur, le passant a pris la poudre d’escampette et n’a plus jamais été retrouvé. C’est à la suite de cette mésaventure que l’ingénieur de Minolta a développé son idée de Selfie Stick. Minolta a bien essayé de commercialiser ce produit, mais le marché n’était pas prêt, les ventes catastrophiques et l’idée a été abandonnée.

Les points de soudure de Rockefeller

Racontée dans le livre de Robinson et Schroeder, cette histoire illustre le potentiel des petites innovations. En 1870, l’industriel américain John Rockefeller, fondateur de Standard Oil (qui deviendra plus tard Esso puis ExxonMobil) passait dans une de ses usines et aurait vu un ouvrier en train de sceller des barils de brut avec des points de soudure. Rockefeller aurait demandé à son employé s’il était en mesure de sceller le même baril avec 48 au lieu de 50 points de soudure. L’employé a répondu: «Non, mais je peux le faire en 49 points.» Cette économie d’un point de soudure par baril de pétrole produit aurait permis à l’empire Rockefeller d’économiser 2500 dollars la première année et plusieurs centaines de milliers de dollars par la suite, plus la production augmentait.

WhatsApp, une idée à 19 milliards de dollars

Brian Acton et Jan Koum, les deux ingénieurs qui ont développé l’application WhatsApp avaient proposé dans un premier temps cette idée à leur employeur Yahoo! Le concurrent de Google n’y a pas cru et les deux informaticiens ont finalement développé leur système de messagerie avec leurs propres moyens, revendant en 2014 leur idée à Facebook pour 19 milliards de dollars. Les deux informaticiens avaient fondé WhatsApp Inc. dix ans plus tôt en 2009. Les premières versions de l’application plantaient régulièrement comme on dit dans le jargon, à tel point que Koum et Acton ont presque baissé les bras. Mais quand Apple a introduit les notifications push en 2009, les deux compères ont repris l’idée et ont lancé la version 2.0 de WhatsApp. De 250’000 utilisateurs en 2009, ce nombre est grimpé à 200 millions en 2013. Durant la même période, les deux amis ont levé plusieurs millions de dollars pour consolider leur idée.

20 ans de procès chez United Airlines

En 1971, James Lissec et Krishan Jagga, deux employés de la compagnie aérienne américaine United Airlines, ont suggéré de vendre les places encore vacantes à prix réduit aux employés de la compagnie ainsi qu’aux employés des compagnies aériennes concurrentes. Cette idée a permis à United Airlines d’engranger plus de 3 millions de dollars de revenus supplémentaires par année. Selon l’accord en vigueur chez United Airlines, Lissec et Jagga auraient dû recevoir 10% des profits réalisés grâce à leur idée, soit un montant de 300’000 dollars par année. La direction n’a pas vu les choses de cette façon et leur a finalement versé une prime de 1000 dollars l’année suivante. Les deux employés ont fait recours et s’en est suivi un procès fleuve qui s’est terminé en 1992, sans qu’aucune des deux parties n’obtiennent réellement gain de cause.

Sources: Philippe Byosiere, Denise Luethge et Alain Vas: La mobilisation des connaissances en contexte d’innovation: l’individu au cœur du processus organisationnel, in Michel Kalika et Paul Beaulieu (sous dir.): La création de connaissance par les managers, éd. EMS, 2015, pp. 71-88; Wikipedia; Alan G. Robinson et Dean M. Schroeder: Ideas Are Free, éd. Berrett-Koehler, 2000, pp. 70-74

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Marc Benninger est le rédacteur en chef de la version française de HR Today depuis 2006.

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