Surmonter les crises

«Un bon DRH doit parfois mettre fin à des rapports de travail afin de préserver l'organisation»

Bernard Radon est coach de dirigeants depuis plus de 20 ans en Suisse romande et auteur de plusieurs ouvrages dont un roman qui vient de paraître: «Au-dessous du plafond de verre - La méthode Machiavel».

Les conseils d’administration n’aiment pas les crises internes. Pourquoi?

Bernard Radon: Ils ont d’autres chats à fouetter. Ils ont des problèmes d’approvisionnement, de relations clients, de maîtrise des coûts ou de rapports avec les autorités. Ils considèrent donc que les querelles de personnes dans les niveaux hiérarchiques en-dessous d’eux sont des crises de cours de récréation. J’ajouterais que cela est aussi vrai dans les autres niveaux hiérarchiques de l’organisation. Si vous n’êtes pas capable de régler vos conflits vous-même, l’entreprise n’aura probablement plus besoin de vous longtemps.

Il y a crise et crise. Quelles sont les crises qui doivent absolument remonter au conseil d’administration?

La liste risque d’être assez longue (sourire). L’élément qui me semble le plus important est la transparence. Si vous pensez que la crise risque de dégénérer, il faut absolument informer le conseil d’administration. Ils ne supporteraient pas de l’apprendre par quelqu’un d’autre. Il y a bien sûr un tri à faire. Tout ne doit pas remonter. C’est justement la tâche des dirigeants de faire ce tri. Comme dit plus haut, les querelles entre managers n’intéressent pas les administrateurs. Mais il ne faudrait pas leur cacher une baisse des ventes par exemple. Il s’agit aussi de réfléchir aux scénarios possibles pour sortir de cette situation difficile. Montrez-leur que vous avez réfléchi au problème et que vous avez des solutions.

Quel est le rôle du DRH dans ces situations de crise?

Cela va dépendre de l’étoffe du DRH. Les DRH de qualité que j’ai pu observer sont des gens qui savent recréer des liens entre les personnes. Les dirigeants du C-level sont des barons qui protègent leur territoire, ils sont toujours à l’affût d’attaques possibles et de coups bas. Le DRH doit donc mettre de l’huile dans ces relations mais aussi parfois tirer la sonnette d’alarme. Je constate que les dirigeants deviennent parfois trop complaisants. Ils s’attachent à leurs équipes et tolèrent parfois des comportements inacceptables. C’est au DRH de rappeler que si un·e dirigeant·e veut grandir, il ou elle doit s’entourer de gens de qualité. Un bon DRH doit donc parfois mettre fin à des rapports de travail afin de préserver l’organisation. Ce n’est pas un travail facile.

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Marc Benninger est le rédacteur en chef de la version française de HR Today depuis 2006.

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