L'atelier RH

D’un DRH à l’autre

Gisela Bormann, responsable RH chez ABB Sécheron SA à Genève, interroge Ghislaine Jacquemin, Directrice des Ressources Humaines chez Caran d‘Ache SA.

Vous avez créé en 2010 une nouvelle structure, intégrant un atelier de personnes handicapées dans votre organisation. Avec quels enseignements?

Ghislaine Jacquemin: Effectivement. Nous avons conclu un partenariat avec les EPI (Etablissements publics pour l’intégration) grâce auquel nous avons créé un «atelier intégré» à notre production où nous accueillons des personnes handicapées pour réaliser certains travaux. Je parle plutôt de personnes différentes car c’est bien une forme dediversité. Cette expérience nous a apporté plusieurs enseignements.

En premier lieu, il faut parler de la dimension «Responsabilité sociale» de cette démarche. Nous y consacrons du temps et des ressources. Cette contribution à l’édifice social de notre ville et de notre région nous importe beaucoup.

Mais il ne s’agit pas uniquement d’un geste social de notre part. Ce partenariat a également une dimension économique claire. C’est du donnant-donnant. La qualité de nos produits et de nos services ne peut pas être remise en cause par cette démarche. Nous sommes donc autant exigeants avec les personnes handicapées qu’avec les autres collaborateurs. Cela exige peut-être plus de temps, mais les standards de qualité sont exactement les mêmes.

Les personnes handicapées apprécient d’ailleurs beaucoup ce niveau d’exigence. C’est très valorisant pour elles de savoir qu’elles participent à une entreprise économique de renommée mondiale. Cette reconnaissance passe aussi par de la rémunération. Ces personnes sont salariées par les EPI, avec qui nous avons signé un partenariat. C’est donc un accord gagnant gagnant.

Le troisième enseignement est sans doute la qualité de la relation humaine. Ces personnes nous ont apporté une fraîcheur et une ouverture que nous avions quelque peu oubliées. Elles ne connaissent pas de barrières. Une personne handicapée ne fait pas de différence entre un directeur et un collaborateur. Elles posent les mêmes questions à tout le monde avec franchise.

Cela fait du bien de retrouver cette intégrité. J’ajouterai que nous disposons avec elles d’un personnel très fidèle et loyal. Elles s’identifient très fortement à notre maison et demandent de participer à toutes les réunions de personnel. Ce sont sans doute nos meilleurs ambassadeurs.

Enfin, sur un niveau plus stratégique, nous avons assisté ces dernières années à une tendance forte vers la concentration sur le «core business», avec de plus en plus de sous-traitance pour les travaux dits non stratégiques. Mais ces travaux à faible valeur ajoutée doivent tout de même être réalisés. Avec les EPI, nous avons trouvé une solution très intéressante: nous gardons le contrôle de toute la chaîne de production, puisque nous avons intégré cet atelier dans notre organisation.

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Marc Benninger est le rédacteur en chef de la version française de HR Today depuis 2006.

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