Ils enterrent le modèle hiérarchique
Greenpeace Suisse implémente actuellement un nouveau modèle organisationnel. Barbara Bommer explique ici ce que cela implique pour l'entreprise et pour la nouvelle fonction RH.
Photo: Aniela Lea Schafroth. De g. à dr.: Martin Frei, Bea Eigenmann, Barbara Bommer, Martina Oesch et Manuel Engeler.
Depuis le printemps 2020, Greenpeace Suisse met en place un nouveau modèle organisationnel, basé sur «le travail agile et l’autonomie». De quoi s’agit-il concrètement?
Barbara Bommer: Cette nouvelle organisation nous permet d’être plus efficient dans l’atteinte de nos objectifs tout en répondant mieux aux besoins des collaborateurs. L’impulsion initiale est d’ailleurs venue de l’équipe. La grande majorité des collaborateurs estimaient que notre modèle hiérarchique traditionnel limitait nos potentialités.
Où en êtes-vous dans la transformation?
Nous avançons par étapes et nous sommes accompagnés par un expert externe. Aujourd’hui, nous avons adapté tous nos processus. La culture et le développement des compétences vont encore prendre du temps. C’est un long processus. Une transformation de l’organisation du travail de cette ampleur dure en général entre trois et cinq ans.
Votre département RH doit préparer les collaborateurs à ce modèle. Comment le faites-vous?
Nous proposons à toute l’organisation des formations sur les trois thèmes suivants: résilience, feedback et communication. Cette montée en compétence devrait permettre de créer des liens plus forts, plus de transversalité, entre les individus et les différentes unités de notre organisation. Ce programme nous a également permis d’identifier les besoins spécifiques de chaque personne par rapport à ces nouvelles règles de jeu. Supprimer les liens hiérarchiques ne veut pas dire que les responsabilités disparaissent. Elles sont simplement portées différemment. Lors d’un recrutement par exemple, nous discutons ensemble pour déterminer qui sera la bonne personne pour piloter le processus. Car elle devra être formée, conseillée et accompagnée par quelqu’un des RH.
Comment les collaborateurs vivent-ils cette transformation?
Le bilan est positif pour l’instant. Le taux de rotation est resté le même. Les nombreux retours que nous recevons, notamment lors de nos Open Sessions, sont positifs et de manière générale, la nouvelle organisation semble bien acceptée.
Vos rémunérations sont transparentes. Pourquoi?
Nous avons instauré cette transparence sur les salaires depuis la fondation de Greenpeace Suisse il y a 38 ans. La fourchette salariale est d’ailleurs indiquée sur toutes nos offres d’emploi. C’est donc clair dès le début pour un candidat qui nous rejoint. Pour telle fonction, le salaire est de tant. Pour les RH, cette transparence nous facilite la vie. Nous n’avons plus besoin de négocier les salaires.
Les temps partiels font aussi partie de votre offre. Sont-ils beaucoup utilisés?
Peu de personnes travaillent au-delà de 80%. La plupart des collaborateurs apprécient le temps partiel, car cela leur permet d’avoir un bon équilibre avec leur vie privée, que cela soit pour la famille ou pour mener des projets personnels.
Le temps partiel aide-t-il aussi à recruter?
Oui, la demande de temps partiel est forte, y compris chez les hommes. Cela ne pose plus de problèmes pour recruter du personnel hautement qualifié.
Quelle est la spécificité de votre équipe RH?
Nous échangeons de manière constructive, ouverte et avec respect. Nos profils sont très complémentaires, ce qui nous permet de compter les uns sur les autres et de répondre à la plupart des défis.
L'entreprise
Fondée en 1971, Greenpeace est une organisation environnementale internationale (active dans 55 pays) qui s’engage dans le monde entier pour la préservation des ressources environnementales de l’Homme et de la nature et pour la justice pour tous les êtres vivants, au présent et à l’avenir. Greenpeace Suisse a été créée en 1984 en tant que fondation d’utilité publique. Avec des bureaux à Genève et Zurich, l’organisation compte plus de 100 collaborateurs.