Les enjeux de l’employabilité des 45+
Chers recruteurs, cessez de stigmatiser une partie des demandeurs d’emploi. Voici quelques idées pour construire des nouveaux modèles sociaux et professionnels.
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Ne pas embaucher un 45+ c’est un peu comme renoncer à acheter un paquet de sucre sous prétexte que l’emballage indique une date limite de vente dans deux ans! Non seulement il est encore parfait pour une longue période, mais de surcroît il sera encore consommable bien après cette date indicative et arbitraire.
Le «système» est prévu de telle manière que la majorité des gens doit travailler jusqu’à 64/65 ans. Cessons donc d’entraver ce système! Nous sommes tous sur le même bateau et si certains sont empêchés de ramer (cotiser) ce sont d’autres qui devront ramer pour eux!
Un petit coup d’œil sur la population cible:
- A 45 ans, on a probablement des enfants qui sont encore aux études, une vie familiale et sociale pleine. Se retrouver au chômage n’est pas une option!
- Au début de la cinquantaine, on ambitionne de relever un dernier défi, de trouver LE poste qui nous amènera jusqu’à la retraite, dans lequel on va pouvoir s’investir et réaliser de belles choses, avec plaisir.
- La cinquantaine avançant, c’est l’envie de partager qui prime. Durant cette décennie on prend conscience de l’expertise que l’on a acquise et on sait désormais prendre du recul face à bon nombre de situations. Cette richesse, une disponibilité accrue, un absentéisme faiblissant et une fidélité évidente à son emploi sont autant d’avantages majeurs pour l’employeur. Il n’y a pas meilleur candidat, c’est une évidence!
- Passé la soixantaine, on se retrouve généralement face à deux populations. Ceux qui ont connu des temps difficiles au cours de leur carrière et qui ont absolument besoin de travailler, même au-delà de l’âge de la retraite, et ceux qui ont connu une route plus paisible et qui envisagent avec intérêt une activité décroissante ou une retraite anticipée.
Comment dès lors peut-on faire un sujet de l’employabilité des 45+ face à tant d’avantages et d’évidences? Existe-t-il par ailleurs un seul inconvénient à recruter un candidat expérimenté? Quant aux nouveaux modèles de sociétés et de carrières, ils méritent chacun à eux seuls un livre entier. Voici quelques pistes de réflexion:
- Un revenu individuel inspiré du RBI (Revenu de Base Individuel) qui
- permette aux citoyens d’envisager d’autres modèles de travail;
- incite les personnes ingénieuses à se lancer dans la création d’entreprises, de valeurs et d’emploi;
- induise un allègement de certaines charges professionnelles et
- garantisse un revenu par tête (non plus basé sur le seul revenu du seul salarié d’une famille le cas échéant).
- sera un gros poids en moins pour les familles et une nouvelle manière d’envisager la vie active... L’économie est en train de quitter progressivement son côté «individualiste» pour se tourner vers des valeurs plus «sociales et solidaires».
- Des carrières aux termes desquelles on penserait transmission avec la possibilité de réduire son temps de travail engendrant ainsi de multiples possibilités et déclinaisons:
- de la retraite anticipée au report de celle-ci au-delà des limites actuelles;
- cumul d’emplois ou de rôles;
- mixité entre occupation salariée et indépendante;
- possibilité de conjuguer une carrière nourricière et des activités créatrices.
En attendant cette (r)évolution sociétale et pour revenir à notre thème, engager un senior en recherche d’emploi est donc un acte citoyen utile à son entreprise autant qu’il est utile à la société dans son ensemble. Un senior en emploi vit, dépense, partage.
Les retraités sont aujourd’hui les moteurs d’un pan important de l’économie et cela va aller croissant, à la condition unique de leur laisser un pouvoir d’achat incitateur, faute de quoi ce sont les plus jeunes d’entre nous qui subiront l’enlisement d’une économie où la majorité des retraités seront à la charge des contribuables actifs, de moins en moins nombreux.
Engager un 45+....
- c’est engager des compétences, de l’expérience et un savoir-faire.
- c’est engager un collaborateur fidèle, engagé et reconnaissant.
- c’est maintenir l’économie en état de fonctionnement.