"Quand il faut tout mesurer, on n’est pas capable d’apprécier"
Chez XA SA à Givisiez (Fribourg), une PME de quinze personnes active dans la monétique et et les terminaux de paiements, la politique du personnel se concentre sur la créativité, seuls garants de la survie. Pour le reste, pragmatisme et bon sens suffisent. Explications en compagnie de Pierre Bays, directeur et fondateur de XA SA.
«Se tenir à la limite instable entre l’ordre stérile et le chaos générateur de diversité». La pensée de Joël de Rosnay* pourrait résumer la politique RH de l’entreprise XA SA. Cette jeune PME fribourgeoise, qui développe notamment des terminaux de paiements, cherche dans cet équilibre la voie vers la réussite. Exit donc un plan détaillé consacré à l’ajustement de la politique du personnel aux objectifs à long terme de l’entreprise. Le calcul est plus simple. Il faut rester créatif, faire du chiffre et survivre.
Directeur de XA SA, Pierre Bays est un homme pragmatique. L’œil cerné par des années de labeurs consacrées à ses entreprises, il a le ton déterminé. Celui d’un patron endurci aux lois du marché. «Dans les pays occidentaux à économie forte, on aura toujours plus besoin de ressources humaines afin d’offrir des produits à haute valeur ajoutée. Les balais de riz, on a plus le moyen de les créer en Suisse». Et Pierre Bays sait de quoi il parle. Fondateur d’une société fiduciaire et de développement de logiciels en 1989, il se lance en 2003 dans le marché des terminaux de paiements. Un risque payant puisque sa société vient de passer sous le giron du groupe français Ingenico, leader mondial du secteur.
Mais derrière ce succès, aucun plan RH détaillé. «Quand on doit tout mesurer, c’est qu’on est plus capable d’apprécier. L’intuition ce n’est pas du pif, ce sont des milliers de paramètres dont le cerveau tient compte mais qu’aucun rapport d’évaluation ne pourra jamais résumer», poursuit Pierre Bays, sans mâcher ses mots. Au sein de sa PME, les ressources humaines ressemblent plus au train-train d’une vie de famille. Avec une bonne dose de bon sens pour affronter les défis. «Pour nous, l’important c’est de rester créatif. On prend donc très au sérieux le recrutement de personnel nouveau. Pas question de sous-traiter ce genre de décision». Concernant l’ajustement de la politique RH aux attentes des différents groupes d’intérêts entourant son entreprise (employés, clients, actionnaires, fournisseurs, gouvernement, etc.), Pierre Bays se limite à l’essentiel: «Evidemment que nous nous préoccupons des attentes de notre entourage proche. Mais le premier critère reste notre clientèle».
Concernant les évaluations annuelles censées réajuster la politique RH à la marche de l’entreprise, Pierre Bays reste dubitatif. «Je vois les évaluations plus comme un processus continu. Pour prendre une image, je préfère une vidéo de mauvaise qualité qui filme le parcours annuel, qu’une photo à 100 mega pixels qui mesure l’instantané».
Et la stratégie à long terme? «C’est un grand débat. Je dirai cependant qu’une entreprise doit assurer sa survie sur le court, moyen et long terme. Cependant, je ne crois pas aux seuls objectifs et résultats trimestriels».
Pour le reste, Pierre Bays essaie de maintenir la fibre créatrice de ses quinze employés en laissant une large place à l’expérimentation. «J’adore le ‹non-conventionnal thinking›. Expérimenter c’est fondamental. Ce qui implique également d’accepter le risque de faire des erreurs». En bref, la politique RH de cette PME s’appuie sur la responsabilité individuelle de ses employés et se concentre sur l’essentiel: rester créatif en tout.