Work-Life Balance

Ceux qui montrent l’exemple

Quatre sociétés suisses romandes dévoilent le détail de leurs programmes de Work-Life Balance. Horaires flexibles, postes à temps partiel pour les cadres, promotion de la mixité dans les équipes et une séparation nette entre la sphère privée et le professionnel. 

 

Il y a ceux qui proclament des mesures de Work-Life Balance dans leurs plans de communication pour les enterrer vite fait au moment de fixer les objectifs annuels. Et il y a les autres. Les sociétés qui ont compris que le modèle d’équilibre entre vie privée et professionnelle est vital pour les collaborateurs. 

Et aussi pour leurs familles. Il s’agit en général de trouver le juste milieu entre les deux et de pouvoir concilier au mieux les intérêts privés et ceux de l’entreprise. Afin d’y arriver, le collaborateur ne peut pas agir seul, l’entreprise se doit de l’accompagner dans cette recherche d’un bon équilibre entre le privé et le professionnel. Par ailleurs, le Work-Life Balance dépend aussi directement de la culture d’entreprise, des conditions d’embauche, des objectifs fixés et des méthodes de travail. 

Certaines entreprises proposent des programmes axés sur le bien-être de leurs employés dans le cadre des horaires de travail, des congés maternité, des congés sabbatiques ou pour suivre des études. Les cas les plus courants sont l’implémentation de modèles flexibles de travail, de temps partiel ou de travail à distance, aussi appelé télétravail. 

Sinon, il peut aussi s’agir de faire ses courses sur son lieu de travail ou de bénéficier de prestations en ligne pour faire des achats, ou encore d’avoir un fitness à disposition. Quelles sont les entreprises qui parviennent le mieux à concilier cette double exigence du privé et du professionnel? On pense en général aux firmes américaines qui semblent être en avance sur ces questions. Des groupes comme Yahoo ou Google qui procurent un environnement très orienté vers le Work-Life Balance à leurs collaborateurs constituent un exemple. 

Cette thématique du Work-Life Balance réunit plusieurs objectifs. Si le collaborateur a plus de confort dans sa vie en général, il subira moins de pression et sa motivation au travail s’en ressentira positivement, tout comme sa satisfaction et son engagement. Cette spirale positive mène vers la fidélisation. Il en ressort aussi moins d’absentéisme au travail. Le processus apparaît donc comme gagnant pour toutes les parties en présence. Petit tour d’horizon de quatre entreprises suisses romandes qui proposent un soutien concret à leur personnel dans leur quête d’un bon équilibre de vie.

Banque Mirabaud, une ligne claire entre privé et professionnel

«La banque Mirabaud est favorable au temps partiel s’il permet un meilleur équilibre pour le collaborateur», explique Michel Roche, DRH de Mirabaud. Les horaires restent flexibles avec des tranches horaires de présence obligatoire au poste de travail. Parmi les prestations, la moitié du prix de l’abonnement des transports publics locaux est offert. Cela favorise ce type de mobilité, moins stressante que d’utiliser une voiture en ville avec la cohorte de bouchons qui se déploient chaque jour. 

Sinon, l’établissement privilégie les activités de sport et de loisirs comme des sorties à ski ou des visites d’ordre culturel pour le bien-être des employés. La formation continue est aussi une priorité et des congés sont octroyés pour préparer des examens. Par ailleurs, la cafétéria de la banque est ouverte de manière mensuelle aux enfants qui veulent venir déjeuner avec leurs parents. 

En revanche, le banquier privé a fait le choix de ne pas autoriser l’accès aux e-mails à l’extérieur de ses murs. «Quand le collaborateur quitte la banque, il a terminé avec son travail. Il n’y pas non plus de système de répondeur pour consulter ses messages depuis l’extérieur. C’est notre culture d’entreprise. Les nouveaux venus en sont très heureux. Cela permet de faire une vraie coupure avec son activité professionnelle», observe Michel Roche.

SIG, un horaire de travail flexible de 40 heures pour tous

«Le Work-Life Balance est un élément qui appartient à la réalité du monde du travail», proclame Marie-Noëlle Favarger Schmidt, DRH des Services industriels genevois (SIG), une entreprise sensibilisée depuis déjà plusieurs années à ce sujet. Par exemple, SIG a instauré un horaire de travail flexible, sur une base de 40 heures par semaine pour l’ensemble des collaboratrices et collaborateurs. «Tout en respectant un cadre donné, ce procédé permet d’arriver un peu plus tard le matin pour celles et ceux que cela arrange, ou encore de cumuler un certain nombre d’heures pendant les pics d’activité pour les récupérer ensuite. 

Cela donne de la flexibilité aux collaboratrices et collaborateurs», précise encore la DRH. Le modèle de travail à temps partiel de SIG permet de travailler à 100 pour cent selon les périodes et de récupérer ensuite les jours excédentaires sous forme de jours de vacances supplémentaires. Toujours dans le domaine de la flexibilité au travail, l’employé a la possibilité de prendre une fois par mois un jour ou une demi-journée de congé supplémentaire, en utilisant des heures effectuées en plus des 40 heures officielles. 

L’entreprise est aussi plus généreuse en matière de congé maternité pour les femmes puisqu’elle offre 20 semaines de congé en comparaison des 14 à 16 fixées par la loi. Dans le registre des congés, les employées et employés de SIG ont la possibilité de prendre un congé parental non rémunéré d’une année. La société leur garantit un emploi à leur retour, avec une équivalence en termes de responsabilité et de tâche. 

SIG bénéficie en outre d’une cinquantaine de places dans la crèche – sise à côté des locaux de SIG – de la commune de Vernier, selon un principe de partenariat établi avec celle-ci. «SIG a une réelle volonté de permettre aux parents de mieux concilier vie professionnelle et vie familiale. Ainsi, ouvrir une structure d’accueil pour leurs jeunes enfants à proximité de leur lieu de travail permet une meilleure qualité de vie et procure un réel confort aux collaboratrices et collaborateurs», relève encore Marie-Noëlle Favarger Schmidt. Par ailleurs, en guise de mesure d’urgence, une petite aide financière correspondant au 80 pour cent de la prise en charge pour la garde des enfants est accordée aux parents dont l’enfant est malade. 

Pour 2011, SIG étudie l’implémentation du télétravail. Côté formation, SIG propose à l’interne toute une série de cours pour aider leurs forces à mieux concilier vie privée et professionnelle. Il s’agit par exemple d’apprendre à mieux gérer le stress, à développer son efficacité personnelle, à mieux organiser son temps et ses priorités ou encore à mieux préparer sa retraite.

Eli Lilly, la mixité jusqu’au comité de direction

Dans cette entreprise, le Work-Life Balance se décide en termes individuels, car chaque personne fonctionne différemment. «Pour chaque être humain, cet équilibre est différent. Quand les uns se défouleront en faisant du sport pendant leur pause déjeuner, les autres préféreront partager un lunch avec leurs amis. Chaque collaborateur cultive son propre jardin privé. Notre objectif est de mettre sur pied une structure pour que nos employés se ressourcent», explique Karin Berney, DRH de Eli Lilly à Genève. 

«Nous souhaitions obtenir une diversité entre les femmes et les hommes au sein de nos équipes. Nous avons réussi puisque nous avons un effectif équilibré composé de 50 pour cent de femmes et de 50 pour cent d’hommes en comité de direction. En implémentant des solutions d’activité à temps partiel, nous cherchons donc à attirer des femmes. Nous avons deux exemples, des 80 ou 90 pour cent pour des femmes cadres».

Dans cette firme, près de 20 pour cent des effectifs travaillent avec un contrat à temps partiel. Le télétravail est aussi encouragé pour toutes les positions où il est réalisable, car il permet de diminuer le temps des déplacements entre la maison et le bureau. Un système d’horaire flexible existe aussi. En pratique, la société se montre active pour maintenir cet équilibre. Ainsi, chaque employé est en contact hebdomadaire avec son manager pour évaluer avec lui son travail, ses priorités, son emploi du temps et contrôler ainsi avec lui s’il n’y a pas surcharge de travail.

CSEM, 70 pour cent de temps partiels dans toute l’organisation

Le Centre suisse d’électronique et de microtechnique (CSEM), un centre privé de recherche et développement, spécialisé en micro et nanotechnologie, microélectronique, ingénierie des systèmes et technologies de l’information, pratique le Work-Life Balance depuis une dizaine d’années. Son objectif est bien sûr de réduire le stress et de conserver une certaine harmonie auprès de ses collaborateurs. «Les employés épanouis au niveau du travail et de leur vie privée sont plus efficaces qu’une personne qui travaille 12 heures par jour en continu.

Le Work-Life Balance est donc profitable aux patrons aussi bien qu’aux employés», relève Anne-Marie Van Rampaey, DRH du CSEM. Il y a huit ans, le centre a créé une crèche d’entreprise offrant 25 places d’accueil pour une cinquantaine d’enfants. Le CSEM ouvre aussi sa cafétéria aux enfants des collaborateurs. Dans sa démarche, le CSEM accepte aussi que les hommes et les femmes travaillent à temps partiel, y compris les cadres. «La moyenne des temps partiels chez nous se monte à un niveau de 70 pour cent. Il existe donc des postes de cadres à moins de 80 pour cent. Nous souhaitons en outre conti-nuer de développer cette approche, d’autant que les collaborateurs qui ne travaillent pas à temps plein possèdent les mêmes avantages que les autres en termes de prestations sociales et de formation continue. Nous avons aussi développé le télétravail pour une trentaine de collaborateurs», explique encore Anne-Marie Van Rampaey. «La plupart des employés optent pour un temps partiel pour des raisons familiales.» 

Depuis 2004, l’entreprise offre aussi des congés spéciaux sous forme de trois jours payés en cas de problèmes familiaux, comme lorsqu’un enfant est malade, ou aussi quand un employé doit faire face à une autre priorité qui n’est pas son travail, ceci sans aucune justification nécessaire. Selon la directrice, il s’agit d’un procédé qui se base avant tout sur la confiance entre employé et employeur et le bon sens. Aucun abus n’a été constaté à ce jour.

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Patricia Meunier est journaliste indépendante en Suisse romande. Elle collabore avec HR Today depuis 2010.

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