Jobsharing et temps partiel: les acteurs livrent leur témoignage
Au-delà des discours et des chartes d’entreprise, comment vit-on un jobsharing ou un temps partiel au quotidien. HR Today a recueilli deux témoignages de personnes qui ont choisi de vivre différemment leur vie professionnelle. Elles livrent ici leurs conseils et les raisons personnelles de ces choix de vie.
Dominique Le Roux Morger et Anne Dagon. Photo: CSEM
Dominique Le Roux Morger et Anne Dagon partagent un poste de spécialiste RH au CSEM de Neuchâtel. Créée en 2003 (Dominique Le Roux Morger a tenu le poste durant 7 ans avec une autre personne), la fonction représente aujourd’hui un 130 pour cent (60 pour cent par l’une et 70 pour cent par l’autre). Les deux femmes témoignent ici de leur expérience: «L’organisation de notre cahier des charges est faite de manière à ce qu’il y ait une présence au poste tous les jours, en fonction des taux d’activité de l’une et l’autre et des souhaits de chacune (avec un overlap de 1,5 jour).
Les tâches quotidiennes et affaires courantes sont traitées par la personne présente au poste. Le suivi peut être effectué par sa collègue ou réparti selon les disponibilités de chacune. Ces tâches sont suivies dans un échéancier commun répertoriant les priorités grâce à un simple code couleurs. Les projets spécifiques sont répartis selon les affinités de chacune, les compétences linguistiques ou particulières ou encore selon les expériences personnelles. Il y a deux moments délicats durant la semaine. Le mardi matin où nous nous retrouvons toutes les deux pour faire une mise au point et une répartition des priorités pour la semaine.
Le deuxième passage délicat est d’assurer que l’échéancier soit mis à jour très précisément à tout moment, et plus particulièrement lorsque l’autre collaboratrice reviendra au poste. Les défis? Nos manières différentes de travailler, de fonctionner et de définir les priorités est l’un des défis rencontrés dans la pratique quotidienne, d’où l’importance de faire preuve d’ouverture et de flexibilité, de bien communiquer. Il est impératif de passer un temps minimum à la coordination au poste, afin d’assurer une grande efficacité.
Enfin, nous devons veiller à une répartition équitable des tâches, ne pas laisser à l’autre ce que l’on n’a pas envie de faire soi-même: la confiance et le respect sont donc les maîtres mots. Les raisons personnelles qui nous ont poussées à choisir ce modèle? Le jobsharing permet à l’une et l’autre d’effectuer un travail intéressant et à responsabilités, tout en étant à temps partiel. L’une et l’autre sommes considérées comme des collaboratrices à part entière.
Le journaliste sportif Alberto Montesissa travaille aujourd’hui pour l’émission Couleur locale Valais de la RTS (Radio Télévision Suisse), à 70 pour cent (à la RTS, le temps de travail est annualisé, un 70 pour cent représente 170 jours par année). Depuis qu’il est entré à la RTS en 2000, il a toujours travaillé à temps partiel. «C’est un choix de vie. J’ai deux enfants et ma compagne est médecin à temps partiel. Nous partageons les tâches ménagères et vivons sur nos deux salaires. Ce mode de fonctionnement est très agréable, si on peut se le permettre. Surtout parce que nous avons tous deux des horaires irréguliers. Je n’envisage pas de travailler à 100 pour cent. Curieux de nature, j’ai plusieurs passions dans la vie: le foot, la lecture, la cuisine, lescigares…
Cette flexibilité dans mon emploi du temps correspond bien au métier de journaliste. Au début, cela n’a pas toujours été simple. Il fallait beaucoup jongler. Avec mon épouse, nous accordons nos agendas à l’avance. Ce modèle nous permet de profiter des vacances scolaires de nos enfants, pendant qu’ils ont encore envie de les passer avec nous (rires).
Dans mon entourage, ce mode de vie a parfois provoqué de l’incompréhension. Mon père a toujours travaillé à temps plein. Au début, il a trouvé mon choix de vie un peu bizarre. Comme journaliste sportif, vous êtes payé pour voir des matchs de foot. La majorité des gens travaillent comme des fous la semaine pour débrancher le week-end. Un journaliste sportif travaille surtout le soir et le week-end. Mais ce rythme en continu, avec des périodes de congé par intermittence me convient très bien.» Après une licence en lettres à l’Université de Genève, Alberto Montesissa démarre une carrière dans l’enseignement.
«J’avais des amis qui travaillaient dans les médias et cela m’a intéressé. J’ai commencé à 100 pour cent au Télétext à Bienne puis à mi-temps au Journal de Genève, en effectuant des piges à côté. Après la fusion du Journal de Genève et du Nouveau Quotidien, je suis resté six mois au Temps avant de prendre six mois de congé pour m’occuper des enfants. Après quelques temps, le travail me manquait. J’ai donc repris des piges pour divers médias print avant d’être engagé par la RTS comme journaliste sportif.»