Enrichir le lieu de travail sans en compromettre le respect et l'intégrité

Ce qui est drôle pour l’un...

L’humour, en particulier sur le lieu de travail, est une lame à double tranchant. Tantôt un outil fantastique de teambuilding et vecteur de bonne humeur, tantôt un vaisseau porteur de malaise ou de frustration. Afin d’être sûr de tenir le couteau par le manche, il est crucial de prendre en compte les facteurs qui peuvent influencer l’impact d’une remarque humoristique. Et ces derniers évoluent avec le temps. Ce qui était acceptable il y a 5, 10 ou 30 ans, ne l’est plus forcément aujourd’hui.

...l’est-il aussi pour l’autre?

Mais alors comment savoir ce qui est drôle ou non, ce qui blesse ou amuse, ce qui fait rire jaune ou à pleins poumons?Il vous faudra deux types d’information pour répondre à cette question:

1. Quelle culture de l’humour votre entreprise pratique-t-elle actuellement?
2. Quel impact cette culture a-t-elle sur ses employés?

En effet, la taille, la composition démographique, la localisation ou les différences générationnelles sont autant de paramètres qui différencient les entreprises et, de facto, ce qui est acceptable, accepté ou dérangeant dans le département du rire. Pour comprendre où ces deux curseurs se situent chez vous, des solutions telles que proposer un sondage ou ajouter des questions lors de vos entretiens périodiques se présentent à vous.

Le but étant de comprendre le ressenti de vos employés:

1. Conscientiser la culture de l’humour actuelle; de quoi ou de qui rit-on? Quels sont les sujets hors limites ou au contraire qui reviennent? Rit-on de la politique, d’une origine, d’un physique, d’une personne, d’un genre, d’une orientation sexuelle ou autre?
2. Cibler les situations et commentaires qui peuvent s’apparenter à du harcèlement ou mettre les gens mal à l’aise; quel est le degré d’ouverture vis-à-vis de ces sujets? Qu’est-ce qu’on ose dire ou non, à qui ose-t-on dire que telle ou telle remarque est vexante ou simplement pas drôle?

Les réponses à ces questions constituent un terreau fertile pour conscientiser et réfléchir sur l’état actuel de la culture de l’humour et la direction que l’on souhaite lui faire prendre. Savoir où semer les graines du changement est la première étape de la création d’un environnement sain. Le rôle des ressources humaines est donc fondamental dans la redéfinition de ce qui est accepté et acceptable. Or, il ne semble pas concevable d’imposer des règles strictes car l’humour doit rester un vecteur de liberté et de spontanéité. Néanmoins, les RH peuvent établir un cadre qui sécurise tout en préservant cette liberté. Ce cadre doit être suffisamment flexible pour permettre une expression libre, mais avec des balises claires pour éviter les dérapages.

Humour propre

Pour ce faire, les RH peuvent promouvoir une culture de communication ouverte où exprimer son inconfort devient une norme acceptée. Encourager les employés à verbaliser lorsqu’une blague ou un commentaire les met mal à l’aise est crucial. Cela nécessite de créer un espace de respect où les employés se sentent en sécurité pour exprimer leurs sentiments sans crainte de représailles ou de jugement.

En pratique, cela peut exiger de passer par des ateliers de formation en intelligence émotionnelle et en écoute active lors des journées prévues pour les collaborateurs. Ces sessions peuvent aider à établir des principes de base sur ce qui est humoristiquement acceptable et enseigner comment réagir de manière constructive lorsque les limites sont franchies. Ce processus contribue à maintenir une atmosphère de travail agréable. Il sert également d’exercice de renforcement d’équipe, forgeant des liens de respect et de compréhension mutuelle entre collègues. En fin de compte, le but est de parvenir à un équilibre où l’humour enrichit le lieu de travail sans en compromettre le respect et l’intégrité. Ce processus est un peu comme essayer de programmer une réunion qui convient à tous: cela peut prendre plus de temps que prévu. Mais, personne ne perdra son sens de l’humour en chemin!