«Créer un sentiment d’urgence»
«Le changement est toujours difficile, car il présuppose que nous sortions de notre «zone de confort». C’est dans cette zone que nous aimons évoluer parce que nous nous y sentons en sécurité. Or, tout changement, tout progrès est impossible tant que l’on reste dans ses modèles et ses schémas.
Pour évoluer, il faut accepter d’entrer dans une zone d’inconfort. Cela fonctionne très bien si cela se fait dans de bonnes conditions (des défis réalistes, une conviction que l’on peut y arriver, que réussir sera stimulant et positif). Bref si l’inconfort reste modéré. Ils ont aussi besoin d’une réponse à la question: «Et moi que vais-je devenir?»
Si cette phase est mal gérée, les individus entrent très vite en situation d’inconfort élevé, dans laquelle ils vont se sentir en danger et réagir de manière émotionnelle (peur, défense de territoires, résistance).
Ceci empêche à la fois le dialogue et le changement. On parle beaucoup de la résistance des collaborateurs. Mais les résistances les plus dangereuses émanent souvent des cadres intermédiaires, parce que ce sont eux qui ont le plus à perdre dans un changement. Ils sont devenus ce qu’ils sont grâce au système en place (compétences, processus, culture managériale, …).
Ce sont les premiers qui doivent être rassurés. Sinon, leurs propres incertitudes et angoisses se révéleront un facteur de blocage rédhibitoire. Ils méritent donc tout particulièrement qu’on les implique et les accompagne pour que le changement devienne le leur.
Pour qu’un changement réussisse, la première condition, c’est clairement qu’il existe un sentiment d’urgence. Les équipes doivent être convaincues que, si l’on ne fait rien, le danger sera plus grand que si l’on agit! L’urgence est évidente lorsque la crise est là. Mais cela signifie qu’on a manqué d’anticipation.
Il faut en effet initier les changements (innovations, réorganisations, etc.) au moment où l’on est encore en plein succès, et non pas lorsque le cycle s’est déjà inversé et que les marges se sont effondrées. L’urgence, c’est d’agir de suite pour qu’on ait le temps de faire les choses juste et bien, sans tomber dans la précipitation. Créer le sentiment d’urgence est donc probablement la première qualité de leadership dans une organisation.»
L'intervenant
Daniel Held est directeur de CAS à la heig-vd et consultant. Lien: www.piman.ch