«Les profils 65+ vont profiter à l’ensemble de l’économie»

Vous proposez depuis octobre 2023 aux entreprises d’engager des retraités via votre plateforme Activis. Cette offre est-elle liée à la pénurie de main-d’œuvre qualifiée?
Frédérique Béguin: Oui. Nous anticipons que cette pénurie va s’accentuer ces prochaines années, avec le départ à la retraite des baby-boomers. De plus, les jeunes générations ont tendance à rentrer plus tardivement sur le marché du travail. Et il y a aussi une baisse du taux de natalité en Suisse.  Donc la population vieillit. Activis constitue une solution innovante pour répondre à ces enjeux.

Est-ce possible légalement d’engager une personne de plus de 65 ans?
Oui, bien sûr. Il n’y a pas de limite d’âge pour travailler en Suisse, sauf contre-indication du règlement interne de l’entreprise par exemple. La question se pose plutôt en termes de pénibilité du travail.

Quels sont les coûts salariaux de cette population, en termes de LPP notamment?
En principe, à partir de 65 ans, une personne ne doit plus cotiser à la LPP. Concernant l’AVS, une franchise de 1400 francs par mois (ou 16800 francs par an) n’est pas soumise à l’AVS. C’est donc avantageux pour les employeurs. Une personne à la retraite peut par exemple continuer de travailler à 50% et toucher 60% de sa rente. Ce qui va augmenter son revenu et lui permettre de quitter progressivement le monde du travail. Les retraités apprécient cette flexibilité dans la diminution de leur temps de travail. Mais cela complique un peu les choses d’un point de vue administratif.

Quel est le profil des candidats?
Ils proviennent de toute la Suisse romande, avec une plus grande densité sur Lausanne et Genève. Tous les métiers sont représentés: comptable, spécialiste marketing, assistant administratif, enseignant, serrurier, mécanicien, horloger, chauffeur ou chef d’entreprise par exemple. Et dans presque tous les secteurs d’activité: finance, médical, enseignement, social ou administration notamment. Notre pool de candidats est très varié.

Ce sont des personnes qui souhaitent poursuivre leur carrière?
Pas forcément. Elles ne sont plus dans une dynamique de carrière et ne cherchent pas à assumer des responsabilités. Elles apprécient plutôt le fait d’avoir une activité, d’être utile, de transmettre leur savoir-faire et de garder un lien social. Nous avons par exemple de nombreux chefs d’entreprise ou responsables de service qui souhaitent poursuivre une activité à temps partiel et de manière flexible.

Est-ce que ce sont des personnes en précarité, obligées de travailler pour joindre les deux bouts?
Dans certains cas, mais c’est une minorité. Pour la grande majorité des retraités, il s’agit de rester en activité pour toutes les raisons évoquées ci-dessus.

Quels sont les métiers et les secteurs d’activité propices à ces profils?
Les ressources en personnel vont diminuer dans tous les secteurs donc ces profils 65+ vont profiter à l’ensemble de l’économie. Cela va plutôt dépendre du type d’activité proposée. Les postes avec beaucoup de responsabilités, une grosse charge de travail et à temps plein sont moins propices.