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«Les différences entre pays sont en train de se niveller»

Haja Rajaonarivo est le Senior Vice-President HR du groupe Cotecna depuis 2009. Auparavant, il a mené une carrière au sein du groupe Nestlé, effectuant plusieurs expatriations en tant que manager.

Cotecna est l‘une des premières entreprises internationales dans le domaine de l‘inspection, de l‘analyse et de la certification. La société compte 4000 collaborateurs et agents dans une centaine de filiales à travers le monde.

«La gestion des talents et des compétences au niveau international est un défi important pour la Fonction RH. Comme notre activité est très spécialisée, il n’existe pas de hautes écoles où nous pouvons recruter nos cadres de demain.

Nous devons donc investir du temps et de l’énergie dans le développement de nos collaborateurs puisque nous comptons beaucoup sur notre pool de talents interne pour assurer la relève dans nos filiales à travers le monde.

Dans ce contexte, la mobilité internationale et le transfert de connaissances entre le siège et les filiales sont un enjeu central de notre activité. L’expatriation a cependant connu une importante évolution depuis une quinzaine d’années. Historiquement, notre réservoir de cadres pour l’expatriation se trouvait en Europe ou en Amérique du Nord.

La raison en est assez simple: les compétences recherchées étaient beaucoup plus accessibles dans les pays occidentaux. De plus, du point de vue législatif, les questions liées à l’émigration ont toujours été plus faciles à gérer avec les ressortissants des pays occidentaux. Mais cette situation est en train de changer.

Si je prends l’exemple de l’Afrique, où le groupe Cotecna réalise une grande partie de son chiffre d’affaires, les universités africaines ont fortement progressé ces dernières années, permettant de recruter de plus en plus de compétences locales.

Les jeunes Africains sont également devenus beaucoup plus mobiles, effectuant des études non seulement en Europe mais aussi au Canada ou aux Etats-Unis avant de retourner travailler au pays; mettant ainsi fin à l’exode des cerveaux qui touchait les pays émergents par le passé.

Cette évolution nous permet donc aujourd’hui de recruter des compétences dans les pays où nous sommes actifs. Plusieurs de nos expatriés sont donc des Africains qui vont travailler dans des pays voisins. Pareil pour l’Asie où le bassin de main-d’œuvre qualifiée s’est fortement développé ces dernières années.

Ce nouveau contexte pose cependant de nouvelles difficultés. Les obstacles sont culturels et législatifs. Suivant le niveau de développement du pays, les gouvernements voient d’un mauvais œil l’arrivée de cadres africains de pays voisins, craignant la concurrence sur le marché de l’emploi (en comparaison pensons aux difficultés que connaît encore la libre circulation en Europe).

En général, plus le système éducatif est performant, plus le pays est ouvert à la mobilité. Mais l’inverse est vrai également. Et un pays africain dont le développement est à la traîne rechignera à recevoir des cadres bien formés de pays voisins, considérés comme des concurrents.

Parfois, c’est plus facile pour nous d’envoyer un expatrié occidental que d’envoyer un expatrié africain. A l’avenir, l’expatriation va toujours exister, mais elle prendra des formes différentes. Nous recevons par exemple de plus en plus de cadres de pays émergents ici en Suisse pour des périodes plus courtes afin de poursuivre leur développement.

On peut dire en quelque sorte que les différences entre pays sont en train de se niveler et que l’expatriation concerne désormais tous les pays à travers le monde en tant que source ou destination d’expatriation.»

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Marc Benninger est le rédacteur en chef de la version française de HR Today depuis 2006.

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