Responsabilté sociale

Rester au parfum du respect grâce au handicap du collègue

Leader mondial des secteurs parfumerie et arôme, la société Firmenich soigne aussi sa responsabilité sociale. Depuis 25 ans, elle collabore avec la fondation SGIPA qui est représentée dans l’entreprise avec 22 personnes handicapées. Elles effectuent des travaux d’entretien et de conditionnement sur le site de Meyrin.

«Si tous nos collaborateurs étaient aussi motivés qu’eux, ce serait formidable.» Georges Ducroz, responsable du département stockage et emballage chez Firmenich, n’a que des éloges en bouche. Il collabore quotidiennement avec 22 personnes handicapées de la fondation SGIPA. La fondation genevoise pour l’intégration professionnelle d’adolescents et d’adultes offre ses services à plus de 80 entreprises genevoises (dont Migros, Chopard, DuPont et Naville). «Aujourd’hui, toutes les entreprises suisses de taille importante se sont rendues compte que le profit ne suffit pas. Il faut une dynamique industrielle et sociétale», relève Jean-Marc Mommer, DRH du groupe aux 2,3 milliards de chiffre d’affaires en 2005 et aux 4760 employés dans le monde.

D’ailleurs, la collaboration entre Firmenich et la fondation SGIPA est née au cœur de la cité. En 1981, l’ex-DRH de Firmenich et un maître d’atelier de la SGIPA siégeaient dans le même conseil municipal. Aujourd’hui, le site de production de Meyrin ne pourrait plus se passer de ses partenaires à la conscience professionnelle exacerbée. «Ils éprouvent une énorme fierté de travailler chez Firmenich. Et ils ne sont jamais en retard d’une remarque. Des employés distraits qui auraient oublié des mesures de sécurité sont vite rappelés à l’ordre», sourit Jean-Luc Rognon, maître de l’atelier protégé de Firmenich. 

Mais la vraie distinction de cette collaboration est la répartition des personnes handicapées sur le site de Meyrin. «C’est la diversité des travaux que nous effectuons qui l’exige», note Jean-Luc Rogon.

Le gros du travail s’effectue dans le secteur emballage/conditionnement. Il s’agit de manipulations simples ou complexes et répétées à grande fréquence: étiquetage, préparation de cartons, mise en bouteille de différents produits fabriqués sur le site. «Ils nous rendent d’énormes services. Ce sont des travaux simples et indispensables», assure Jean-Marc Mommer.

Sur le terrain, la collaboration entre les deux responsables SGIPA du site avec les cadres de Firmenich est basée sur le pragmatisme. Après une première discussion, les maîtres d’atelier évaluent la faisabilité du travail puis proposent un devis. «Ils savent ce dont nous sommes capables. Et cela nous arrive aussi de leur proposer des travaux plus ponctuels», explique Jean-Luc Rognon. 

En plus du secteur conditionnement, plus de 30 tâches sont assurées par les personnes handicapées. Entretien des parcs extérieurs, gestion de la déchetterie, destruction de papiers confidentiels et de données informatiques, contrôle des installations anti-feu, nettoyage des bouteilles de parfum ou des simples travaux de magasiniers: tout y passe.

Mais si Firmenich a réussi à rationnaliser certains de ses processus en sous-traitant ces travaux aux collaborateurs de la SGIPA, le contraire est vrai aussi. «Notre objectif est de reconnaître, valoriser et stimuler les personnes handicapées par le travail», relève Maurice Perrelet, maître d’atelier de la SGIPA. A noter que leur temps de travail inclut des exercices de pédagogie pour le maintien de leurs acquis, basés sur la méthode Ramain (prendre conscience des processus mentaux qui nous guident). Du temps est également réservé aux activités sportives. «Les escaliers, la latéralisation (maîtriser le gauche/droite) ou la mobilité dans l’entreprise nous posent parfois des problèmes. Le sport permet d’entraîner ces mouvements», explique Maurice Perrelet. Ils bénéficient également d’un soutien psychologique et d’une orientation professionnelle.

Côté intégration sur la place de travail, le plus grand défi a été d’assurer leur sécurité. «A chaque nouveau mandat, nous commençons toujours par tester les travaux nous-mêmes pour évaluer les dangers. Il faut ensuite prendre le temps d’expliquer les manipulations. Jusqu’à ce jour, nous n’avons eu aucun problème de sécurité», relève Jean-Luc Rognon. Ce qui n’est pas le cas des autres collaborateurs de Firmenich. «Ce sont des personnes très méticuleuses, une fois qu’elles ont compris ce qu’on attend d’elles,elles ne dévient plus», ajoute Georges Ducroz. 

Etonnamment, c’est plutôt du côté des collaborateurs de Firmenich que des difficultés sont apparues. «J’ai toujours mis les pieds au mur quand il s’agissait de soigner le vocabulaire utilisé à leur égard», poursuit Georges Ducroz. «Cette collaboration est une vraie leçon de respect.» 

Côté salaire, les personnes handicapées touchent des rentes AI et la SGIPA est financée par l’OFAS et le canton de Genève. «Comme nous sommes une fondation à but non-lucratif, nous reversons la totalité du résultat de l’exercice en salaires à nos collaborateurs», précise Jean-Luc Rognon. Et pour Firmenich, cette sous-traitance est donc tout aussi intéressante du point de vue financier. Avec son absentéisme proche de zéro et une motivation inégalable, le personnel handicapé de Firmenich contribue à faire de cette en-treprise 100% familiale le leader mondial de la parfumerie.

 

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Marc Benninger est le rédacteur en chef de la version française de HR Today depuis 2006.

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