Des pistes pour mieux intégrer les universitaires en entreprise
Le Centre Uni-emploi de Genève aide les étudiants à trouver des places de travail et leur livre conseils et coaching pour mieux s’intégrer dans l’entreprise. Du soin de l’encadrement durant les premiers jours aux compléments de formation, le responsable «insertion» d’Uni-emploi livre quelques réflexions utiles pour les DRH.
Les étudiants qui sortent de la faculté des Lettres sont inutilisables. «Faux!», s’insurge Marc Worek, responsable «insertion» au Centre Uni-emploi, une cellule de l’Université de Genève qui aide les étudiants à s’intégrer dans le monde du travail. «Le problème des universitaires, c’est qu’ils passent plusieurs années à être des réceptacles à informations et du jour au lendemain, ils doivent inverser le flux. Car dans le monde des entreprises, on leur demande d’être proactifs.» A l’instar de ce premier cliché, les fausses idées qui circulent au sujet des compétences réelles des licencié(e)s en lettres et autre diplômés a priori non spécialisés, sont monnaie courante sur le marché du travail. «De nombreux recruteurs se focalisent sur les diplômés HEC/HEG. Ces étudiants disposent de connaissances spécialisées et connaissent le langage des entreprises. Ils sont donc opérationnels très rapidement. Mais on oublie trop souvent que les autres diplômés disposent aussi de compétences sociales et intellectuelles très utiles aux entreprises», enchérit sa collègue Marie-José Genolet. Le constat est amer. Normal, la mission du Centre Uni-emploi est d’aider les jeunes universitaires à décrocher leur premier emploi. Mais derrière ces déclarations au but avoué, se révèlent quelques pistes intéressantes pour les départements des ressources humaines. Inventaire.
Soigner l’encadrement des premiers jours. Un universitaire qui débarque en entreprise dispose d’un bagage de connaissances au-dessus de la moyenne. Mais les jeunes diplômés ont besoin de temps avant de révéler leur vrai potentiel. C’est pourquoi Marc Worek conseille de soigner les premiers jours du jeune employé dans l’entreprise: «Arrivés sur la place de travail, les universitaires sont souvent désorientés par leur statut de débutant. Ils viennent de passer plusieurs années à se former et ils ont l’impression de se retrouver à la case départ. Mais ce n’est qu’une impression. Si l’encadrement des premiers jours est optimal, le jeune pourra déployer ses compétences plus rapidement.
Savoir profiter de leurs connaissances. Esprit de synthèse, capacité à prendre du recul, bagage intellectuel important, les universitaires ont plusieurs atouts à faire valoir. «Le problème c’est qu’ils se vendent mal. Cela fait partie des conseils que nous leur donnons. Car en plus d’une licence, 80% des universitaires apportent avec eux des expériences professionnelles puisées durant leurs petits boulots d’étudiants. Sans parler de leurs réseaux», détaille Marie-José Genolet. Le défi pour les DRH est de faire ressortir ces compétences cachées. «C’est l’éternel problème de l’économie. Les entreprises cherchent un retour sur investissement immédiat. Mais ces compétences prennent du temps à se déclarer», note Marc Worek. Pour illustrer ses propos, Marie-José Genolet cite un exemple dans le milieu bancaire: «Un ancien étudiant en sciences sociales a été engagé par une grande banque. A première vue, son diplôme n’allait pas servir son employeur. Mais s’il a été engagé, c’est qu’il a fait preuve d’un bon sens de la communication. La banque lui a confié le secteur conseil à la clien-tèle professionnelle. Il s’est révélé être un très bon évaluateur des risques. Ses compétences sociales lui permettent de voir au-delà des simples chiffres.»
Dissiper les angoisses. L’entrée sur le marché du travail est un facteur d’angoisse récurent chez les universitaires. La peur de rentrer dans le moule de l’entreprise et d’être assimilé à un système qu’ils ne connaissent pas est courante. «Les GRH ont un rôle important à jouer à ce niveau. Les valeurs et la culture de l’entreprise doivent être détaillées. Pour un jeune, c’est très important qu’il puisse comprendre le monde dans lequel il est en train de s’immerger. Et bien communiquer la vision de l’entreprise est aussi un bon moyen pour lui de s’identifier à ses nouvelles fonctions», relève Marc Worek.
Compléter la formation. Si leur manque de connaissances spécialisées est souvent pointé du doigt, les universitaires sont par contre des as de l’apprentissage. «Nous conseillons à tous les jeunes qui passent chez nous de maîtriser l’anglais et d’avoir quelques notions d’économie. Même si cela ne fait pas partie de leurs intérêts, ce sont des atouts importants dans le monde du travail», assure Marie-José Genolet. Et le conseil est valable aussi pour les ressources humaines. Car faciliter l’intégration d’un universitaire c’est lui donner les moyens de la réussite. «Offrir de la formation continue à un jeune employé c’est une bonne manière de le fidéliser», ajoute Marc Worek.
Les interviewés
Marie-José Genolet est responsable promotion du Centre Uni-Emploi de Genève depuis 2002.
Les interviewés
Marc Worek est biochimiste de formation, conseiller en personnel ORP et conseiller en insertion.