Intégration des jeunes

Recrutement d’apprentis: le baromètre des tests d’aptitude

De nombreux patrons se plaignent des lacunes scolaires des apprentis qui arrivent sur le marché du travail. Le test d’aptitude Multicheck est un outil complémentaire lors de la procédure de recrutement qui permet de repérer ces lacunes. De plus en plus d’entreprises l’utilisent. Le point sur une tendance.


Patron d’une PME de la Riviera vaudoise, Philippe* cherche à engager un apprenti employé de commerce. Il publie une annonce et reçoit des dizaines de candidatures. Mais après quelques mois, la place est toujours vacante. «Au moment de l’entretien d’embauche, je leur ai demandé de rédiger une courte dictée. C’est la seule condition que j’avais avant de l’engager: qu’il ou elle soit en mesure d’écrire une lettre simple, sans faute d’orthographe. Et bien j’ai dû me rabattre sur un candidat du canton de Fribourg, la seule personne avec ce genre de compétences.» A l’instar de Philippe, de nombreux patrons se plaignent des lacunes scolaires des candidats aux places d’apprentissage. Ils pointent du doigt les nouvelles méthodes d’enseignement qui sont apparues ces dernières années. Le débat sur les notes à l’école en est un exemple. Dans certains cantons, on parle même de prolonger de deux ans la scolarité obligatoire. Si ce débat est avant tout réservé aux politiques, il existe un moyen simple et efficace pour vérifier les compétences des jeunes candidats avant l’embauche: les tests d’aptitudes. En Suisse, deux sociétés proposent ce genre d’évaluation. Multicheck et basic-check. Mais la méthode proposée par l’entreprise Multicheck semble s’imposer depuis quelques années. 

Si la formule répond à une vraie demande en Suisse alémanique, où les entreprises recourent à ce genre d’évaluation depuis 1998, elle commence à séduire également les sociétés de Suisse romande. «C’est un bon complément aux autres indicateurs de la boîte à outil du recruteur, soit le carnet scolaire, le dossier de candidature, l’entretien d’embauche, les références et l’assessment», relève un conseiller en orientation Fribourgeois qui préfère garder l'anonymat. A noter que certaines écoles commencent aussi à demander un test d’aptitude à leurs candidats.

L’intérêt des entreprises pour les évaluations est croissant car les tests multichecks vérifient non seulement les connaissances de base du candidat (langues, mathématiques, sciences naturelles) mais aussi ses compétences professionnelles et sociales. «Cela dépend de la branche. Pour un futur informaticien, on va vérifier sa capacité à réfléchir de manière logique. Un jeune qui se destine à un métier technique sera évalué sur sa capacité à imaginer des objets en trois dimensions», illustre Bernhard Hählen, directeur et propriétaire associé de Multicheck, qui a son siège dans le canton de Berne. Les multichecks permettent également de mesurer la capacité de concentration, de mémorisation ou d’imagination d’un candidat. Concernant le degré de véracité des résultats, Bernhard Hählen explique: «Les compétences professionnelles peuvent être mesurées de façon assez précise. En revanche, la motivation d’un candidat reste difficile à évaluer.»

Du côté des entreprises, la mise sur pied d’un test multicheck se fait généralement par le biais de l’association faîtière de la branche. Après une première mise à plat des connaissances spécifiques requises, la société Multicheck élabore une première série d’évaluations. Elles sont ensuite validées par les responsables de la branche avant d’être proposées aux candidats. C’est durant cette phase de préparation qu’une participation financière est demandée aux entreprises. Le montant sert à couvrir les frais administratifs liés à la préparation du test et est généralement financé par l’association faîtière. 

A ce jour, il existe quatre types de multi-check. Ils ont été élaborés pour les secteurs d’activité suivants: commerce de détail et service; artisanat; employé(e) de commerce; technique. En 2007, multicheck projette de lancer une cinquième batterie de tests destinés au secteur soins et santé. 
Et vu le succès de ces évaluations en Suisse alémanique, Multicheck propose également des tests pour cadres. 
    
*Prénom d’emprunt

 

L'interviewé

Bernhard Haelen, ingénieur de formation, est le créateur et directeur de la société multicheck. Etabli dans plus de 30 localités en Suisse, multicheck emploie quleques 80 collaborateurs à temps partiel.

Lien: www.multi-check.ch 

 

commenter 0 commentaires HR Cosmos

Marc Benninger est le rédacteur en chef de la version française de HR Today depuis 2006.

Plus d'articles de Marc Benninger

Cela peut vous intéresser