«Le report des coût des entreprises vers le système de la LAMAL n’est pas tolérable»

Quelle sera la thématique phare de cette édition?

Les 23èmes journées franco-suisses de médecine du travail ont pour thématique phare l’élargissement de l’horizon. Il s’agit principalement d’ouvrir le monde de la santé au travail aux actrices et acteurs indispensables à l’amélioration des conditions de travail, à la protection de la santé et du bien-être au travail. Au-delà des seuls spécialistes, les managers, les responsables des ressources humaines, les cadres et les partenaires sociaux sont au premier plan pour relever les défis nombreux en matière de santé au travail en tenant compte des évolutions techniques, organisationnelles et de management que le monde du travail connaît.

Les risques-psychosociaux et la détresse psychique augmentent depuis la pandémie, quels sont vos conseils pour un responsable RH?

Il s’agit d’aller au-delà des seules contingences managériales. L’objectif d’efficacité et de rentabilité doit être soumis à des conditions cadres incontournables assurant le prévention des risques psychosociaux (RPS). C’est un tout : la prévention permet à l’entreprises de prendre soin de la santé de ses forces de travail sans lesquelles les objectifs de productivité ne peuvent être atteints. Ainsi, toute décision en matière de ressource humaine, de management ou d’organisation du travail devrait être passée au crible des critères de prévention des RPS. La formation des managers et des cadres doit être renforcée de manière à ce que leur capacité à reconnaître, détecter et supprimer les facteurs de risques psychosociaux soit renforcée.

Quels sont les autres enjeux préoccupants en termes de santé au travail en 2023?

Le nombre de maladies professionnelles reconnues n’augmente pas significativement dans notre pays. Par contre, les problèmes de santé liés au travail, tels que les burn-out ou encore les problèmes psychiques et bien des atteintes à la santé physique conduisent à des maladies liées au travail qui ne sont pas reconnues comme des maladies professionnelles et n’apparaissent ainsi dans aucune statistique. La prise en charge de ces maladies est assurée par le système de santé à hauteur de plusieurs milliards de francs par année. Ce report des coûts des entreprises vers le système de la LAMAL n’est pas tolérable. De plus, la Suisse ne dispose d’aucun indicateur fiable en la matière, la santé au travail n’est pas partie intégrante de la santé publique et nous ne disposons ni d’un organisme de recherche digne de ce nom ni d’aucun plan national efficace en matière de santé au travail. De grosses lacunes qui doivent être rapidement comblées. Il y a là un enjeu majeur pour notre pays. Les entreprises, les travailleurs, travailleuses, employés et employées de notre pays méritent que l’on prenne soin de leur santé de manière à ce qu’ils puissent s’épanouir au travail sans en tomber malade. En ce sens, les enjeux énoncés ci-dessus doivent être rapidement relevés!